Béatrice MOLLE HARAN

Les parlementaires du Pays Basque Nord unis et parlant d’une même voix en faveur de la résolution du conflit

Bake Bidea et la Ligue des Droits de l’Homme ainsi que les signataires du Manifeste de Bayonne ont présenté hier le programme de la Conférence humanitaire pour la paix au Pays Basque qui se déroulera le 11 juin, à l’Assemblée Nationale, à Paris.

Les représentants de Bake Bidea et de la Ligue des Droits de l'Homme présentent les contenus de la conférence de juin. (Isabelle MIQUELESTORENA)
Les représentants de Bake Bidea et de la Ligue des Droits de l'Homme présentent les contenus de la conférence de juin. (Isabelle MIQUELESTORENA)

"Nous avons eu conscience qu’un temps politique nouveau s’ouvrait après la conférence d’Aiete du 17 octobre 2011", a lancé en préambule le maire de Bayonne, Jean-René Etchegaray, ajoutant "qu’un des points de cette déclaration demandait à ETA l’arrêt définitif de la lutte armée. Et ETA déclarait publiquement le 20 octobre 2011 cet arrêt définitif. La promesse d'ETA a été tenue. Un autre point de la déclaration d’Aiete invitait les gouvernements espagnol et français, si une telle déclaration était faite, à consentir à l'ouverture d'un dialogue traitant des conséquences du conflit".

Cette recommandation n’ayant pas trouvé de réponse, "les parlementaires, élus ainsi que des personnes issues du monde politique, social et syndical se sont réunis dans la discrétion animés par une même volonté : comment faire en sorte que les Etats saisissent la balle au bond ? ", a précisé Jean-René Etchegaray, ajoutant "qu’un dialogue avec ETA s’inscrivait dans le cadre juridique de la déclaration des Droits de l’Homme".

Le 11 juin prochain sera l’occasion de porter cette demande de résolution lors de cette conférence organisée à l’Assemblée Nationale par Bake Bidea et la Ligue des Droits de l’Homme, auxquels se sont unis la Fondation Berghof, le Groupe International de Contact, Conciliation Resources et le Forum pour la Paix.

Anaiz Funosas, présidente de Bake Bidea, et Christophe Desprez, président de la Ligue des Droits de l’Homme en Pays Basque, ont résumé leurs objectifs : trouver de nouveaux partenaires, acteurs de la société civile et parlementaires afin d’obtenir un large soutien à cette démarche. La députée Colette Capdevielle a indiqué "que c’était la première fois que l’on traitera de la question des victimes et des prisonniers à Paris et dans cette enceinte".

La députée Sylviane Alaux a évoqué pour sa part "la violence soit d’ETA, soit du GAL avec des espoirs, des déceptions. Nous connaissons ici l’unanimité avec des étiquettes différentes. Notre territoire est marqué du sceau de la violence mais comme nous le disait Raymond Kendall (ancien secrétaire général d’Interpol), même si les gouvernements ne vous entendent pas, continuez ! J’ose espérer que la Conférence du 11 juin va interpeller les gouvernements de Madrid et de Paris. Même s'il y a des points qui gênent et quelle que soit la nature du conflit, il y a toujours un moment où l’on se retrouve autour d’une table".

La conférence est parrainée également par d’autres parlementaires : l’ex-ministre Cécile Duflot, Paul Giacobbi (PRG) président de l’Assemblée Corse, Paul Molac député breton, Jean-Luc Bieuven député, Noël Mamère, député écologiste et Jean-Christophe Lagarde, président de l’UDI. Les deux députées du Pays Basque ont affirmé travailler en vue d’allonger la liste et souhaitent également l’implication des sénateurs.

A cette présentation de programme de la conférence ont également participé Kotte Ecenarro, maire d’Hendaye et conseiller départemental, Max Brisson (vice-président du Conseil départemental), Jean Lissar (Europe écologie les verts), Michel Larralde (Secrétaire général de la CFDT Pays Basque), Xabi Larralde (Sortu), Jakes Borthayrou (AB).

Programme de la Conférence humanitaire pour la paix au Pays Basque

Les participants seront accueillis dans la salle Victor Hugo à 9h15 par une intervention d’Anaiz Funosas et par le président honoraire de la Croix-Rouge, Marc Gentilini. Avec Louis Joinet, ancien expert indépendant auprès du Comité des droits de l’homme de l’ONU, ils auront en charge la présidence de cette manifestation. 

L’ouverture de la conférence fera l’objet de la genèse et d’un état des lieux du processus de paix, elle sera réalisée par Pierre Joxe, ancien ministre de l’Intérieur et signataire de la Déclaration d’Aiete. Les sénateurs Jean-Jacques Lasserre et Frédérique Espagnac, ainsi que le vice-président du Conseil départemental, Max Brisson, interviendront aussi sur ce sujet.

Le premier exposé traitant de la réconciliation, du vivre ensemble et de la place des victimes dans un processus de paix reviendra à Pierre Hazan, membre du Groupe International de Contact (GIC)  et à Brandon Hamber. Le deuxième exposé concernera le thème des prisonniers dans un processus de paix : enjeux et rôle. Il sera traité par Raymond Kendall (ancien secrétaire général d’Interpol et membre du GIC), Gerry Kelly (membre de l’exécutif national du Sinn Fein et député à l’Assemblée de l’Irlande du Nord), Gabi Mouesca (ex-prisonnier basque, ancien président de l’OIP et co-président du Comité des Droits de l’Homme au Pays Basque), Brian Currin (avocat et animateur du GIC).

Michel Tubiana, président d’honneur de la Ligue des Droits de l’Homme, sera chargé de la synthèse et la conclusion de la conférence reviendra à Serge Portelli, magistrat et président de chambre à la Cour d’Appel de Versailles. Ce dernier lira un    Manifeste pour la paix au Pays Basque.   Une déclaration qui souhaite "rassembler et fédérer", afin de créer un courant d’opinion au sein de l’Etat français en faveur du processus de paix a conclu Anaiz Funosas.