Justine Giraudel

Arguments et contre-arguments au désengagement de l’État

Pour justifier son désengagement de l'Observatoire des violences faites aux femmes, le préfet adressait un courrier à Martine Bisauta le 28 avril dernier. Des arguments contestés, point par point, par l'élue bayonnaise.

Les membres de l'Observatoire ont annoncé la mort du dispositif lors d'une conférence de presse, jeudi 21 mai. © Isabelle Miquelestorena
Les membres de l'Observatoire ont annoncé la mort du dispositif lors d'une conférence de presse, jeudi 21 mai. © Isabelle Miquelestorena

Mercredi 28 avril, le préfet des Pyrénées Atlantiques adressait un courrier à Martine Bisauta, en sa qualité de fondatrice de l'Observatoire des violences faites aux femmes. Il lui annonçait le désengagement de l’État du dispositif en avançant une série d'arguments. Arguments réfutés par l'élue écologiste, lors de la conférence de presse réunissant les membres fondateurs et partenaires du GIP, et qui cacheraient, selon elle, le refus de financer un dispositif circonscrit au Pays Basque.

Une structure infra-départementale

Premier refus de la part de l’État, celui de financer "une structure infra-départementale". Un argument qui ne convainquait déjà pas la fondatrice : entre autres associations de lutte contre les violences faites aux femmes, Du côté des femmes reçoit une subvention étatique, alors que son champ d'action se limiterait, en toute logique, au territoire béarnais. Les membres du GIP avaient cependant trouvé une alternative pour équilibrer le budget prévisionnel, les 8 000 euros manquants étaient comblés par les communes. Le 24 novembre 2014, aucune subvention n'était demandée à l’État et l'arrêté préfectoral de création du GIP était signé.

Le souhait d'autonomie

Elle conteste aussi le "reproche de souhait d'autonomie et de refus de prendre en compte les politiques nationales ou départementales". La présence des représentants de l’État (Préfecture, Parquet, police nationale, centre hospitalier) et les contacts entretenus avec la déléguée départementale des droits des femmes prouveraient l'encadrement du dispositif.

Des présidents absents

Autre critique formulée à l'encontre des membres du GIP, celle de ne pas avoir contacté les présidences d'Atherbéa et du Planning familial : les associations étaient dûment représentées, et un compte-rendu « mot pour mot » était adressé aux structures après chaque réunion.

Des collectifs "irréguliers"

"L'irrégularité de la situation de deux collectifs" était aussi soulevée par le courrier, ne recouvrant pas la forme juridique associative. Ce qu'elle conteste, là encore : le "Collectif des femmes en Pays basque" est régulièrement déclaré en association. Le "souci" persisterait sur "le Collectif féministe contre les violences sexuelles", lequel aurait tout à fait envisagé de se déclarer en association si le besoin s'était fait savoir. Qui plus est, ces collectifs ne seraient pas membres fondateurs et n'auraient qu'une voix consultative, comme le faisaient remarquer les féministes dans un communiqué diffusé à la presse le 5 mai dernier.

Une action territorialisée

Concernant le rayonnement du dispositif, les fondateurs se disent ouverts à l'accueil de communes hors du Pays Basque, mais en interrogent la pertinence : "Nous ne travaillons pas avec la commune basque de Mauléon, par exemple, car elle dépend du Tribunal de Grande Instance de Pau." La logique d'action du GIP correspondait aux découpages du territoire.