Justine Giraudel

La reconquête du centre ancien de Bayonne continue

La ville de Bayonne a été retenue par l'Etat dans le cadre du programme national de requalification des quartiers anciens dégradés (PNRQAD). Une dynamique tendant à réhabiliter les logements du centre urbain et à y soutenir l'activité économique commerciale.

En 1960, le centre ville de Bayonne accueillait 10 000 habitants, ils étaient 5 000 dans les années 90 et les chiffres actuels atteindraient les 8 000. © Isabelle MIQUELESTORENA
En 1960, le centre ville de Bayonne accueillait 10 000 habitants, ils étaient 5 000 dans les années 90 et les chiffres actuels atteindraient les 8 000. © Isabelle MIQUELESTORENA

Lutter contre l'insalubrité et la vacance des appartements, dans le secteur le plus tendu du Pays Basque en matière immobilière, et soutenir l'activité économique dans les centre-villes. Tels sont les objectifs défendus par Jean-René Etchegaray venu présenter le projet de la ville retenu dans le cadre du PNRQAD, accompagné par ses adjoints.

Le rendez-vous était donné dans un immeuble de la rue Victor Hugo, récemment acquis par la Ville. Il serait emblématique du programme de rénovation poursuivi : au rez-de-chaussée, une boutique éphémère s'installera pour une année. Aux étages, des logements seront réhabilités.

Si des carences dans le marché immobilier privé sont constatées, la problématique du logement en centre ville urbain doit être pensée et soutenue par les pouvoirs publics, explique le maire. Dans la continuité des opérations de requalification de ses quartiers historiques d'hypercentre, menées depuis le milieu des années 70, Bayonne a été retenue par l’État dans le cadre du PNRQAD. Dix millions d'euros seront dédiés au programme, pour une opération qui devrait s'achever en 2018. Elle s'accompagne de subventions aux particuliers destinées aux travaux d'amélioration.

Le "curetage" (démolitions de parties d'immeubles) devrait permettre "de rendre habitables et décents les logements situés autour des cours créées". 8,4 millions d'euros (répartis pour moitié entre la ville de Bayonne et l'Agence nationale de rénovation urbaine - Anru) seront dévolus au traitement de six îlots dégradés. Une quinzaine d'immeubles ont déjà été achetés par la Ville. Sur les 600 appartements concernés, 47 logements sociaux seront construits et gérés par trois bailleurs sociaux.

Réhabilitation, gentrification?

Une politique volontariste dont le maire reconnaît le caractère "autoritaire", et ce, dans le but de répondre à des normes de qualité (confort, luminosité, consommation énergétique) faisant défaut dans nombres d'immeuble bayonnais. Et une initiative qui pourrait laisser craindre l'embourgeoisement du centre-ville (la fameuse "gentrification") et l'augmentation des loyers, écartant du marché les locataires les moins aisés. Une position dont se défend l'élu : 250 logements "à loyers plafonnés" devraient être réhabilités et mis sur le marché privé. Un plafonnement dont la pérennité ne peut être garantie au-delà de neuf ans, concède-t-il.

Capter les chalands dans le coeur de ville

La problématique de l'immobilier en centre-ville entrecroise différentes fonctionnalités : outre le logement et la question du patrimoine (la ville compte un nombre élevés de bâtiments, escaliers ou façades classés), la question de l'activité commerciale se pose. Qui plus est, dans un contexte marqué par le développement des galeries marchandes (IKEA, agrandissement du centre commercial BAB2 et création de celui de Marinadour). Comment capter les chalands dans le coeur de ville ?

Sylvie Durruty et Sylvie Meyzenc (respectivement  adjointe à l'économie et conseillère municipale déléguée au commerce) croient dans "l'innovation". Elles l'illustrent par l'exemple de la boutique éphémère "Les jolies choses", dont l'ouverture est prévue pour le mois de juin. Confié à une association, elle accueillera de jeunes entreprises locales de création (artisanat, bijoux, décoration intérieur…), renouvelées tous les trois mois pour une offre adaptée aux saisons.