Justine Giraudel
Elkarrizketa
Simon Blondeau
Animateur du Cinéma l'Atalante

"Le circuit court du cinéma basque"

Depuis 2014, l'Atalante et l'Institut Culturel Basque se sont associés pour travailler "au circuit court du cinéma basque" et permettre la diffusion des créations du Pays Basque Sud dans les salles du Pays Basque Nord.

Après les documentaires "Asier ETA Biok" et "Dans leur jeunesse il y a du passé", la fiction "Lasa eta Zabala" est le troisième film distribué par l'Atalante, en partenariat avec l'ICB. © Isabelle MIQUELESTORENA
Après les documentaires "Asier ETA Biok" et "Dans leur jeunesse il y a du passé", la fiction "Lasa eta Zabala" est le troisième film distribué par l'Atalante, en partenariat avec l'ICB. © Isabelle MIQUELESTORENA

Le "circuit court du cinéma basque", une dynamique dont rend compte Simon Blondeau, animateur d'une des deux salles de cinéma d'art et d'essai de Bayonne, permettant "de faire vivre un cinéma de terroir vif et ambitieux, proposant une lecture du monde singulière." Après les documentaires "Asier ETA Biok" et "Dans leur jeunesse il y a du passé", la fiction "Lasa et Zabala" est le troisième film distribué par L'Atalante, en partenariat avec l'Institut Culturel Basque.

Pourquoi ce "circuit court du cinéma basque" ?

Ce projet répond à une lacune, dont le constat remonte à plusieurs années et repose sur un paradoxe. Le Pays Basque Sud génère une grosse activité de production, en terme de puissance économique ou de nombre de films produits, alors que l'immense majorité des salles de proximité susceptibles de diffuser les films sont implantées au Pays Basque Nord. Et il est extrêmement compliqué de permettre aux films de franchir la frontière.

Devant ce maillon manquant, nous avons mené cette activité de distribution en partenariat avec l'Institut Culturel Basque. Nous sommes encore dans l'expérimentation et toujours à la recherche d'un modèle économique équilibré, d'où le besoin de financements publics. Aujourd'hui, notre raisonnement est au niveau local : faire le lien pour qu'un film produit au Sud puisse être vu au Nord. Nous n'avons ni la puissance ni l'infrastructure nécessaires à une activité à l'échelle nationale même si ce serait un souhait cher que d'élargir la diffusion.

A quoi sont liées les difficultés de distribution du cinéma basque ?

La distribution d'un film, hors cadre très particulier comme le nôtre, n'a pas intérêt à être locale. Mais quand il n'y a pas de distributeur à l'échelle de la France les films ne peuvent pas passer la frontière. Dans un contexte transfrontalier, elle génère des complications administratives, qui se dépassent et s'accompagnent d'un travail de valorisation du film, de diffusion, de communication. La partie la plus difficile à mener pour nous.

L'Atalante est une salle de cinéma, un exploitant. Nous remplissons actuellement le rôle de distributeur, pour impulser la dynamique, ce qui relève d'un choix politique et éditorial. Mais l'idée et l'idéal serait qu'une structure autonome se dégage à moyen terme. Et j'espère qu'elle verra le jour.

Comment choisissez-vous les films ?

Nous sommes bien entendu dépendants de la sortie de "bons films", le Festival Zinemaldia de Donostia est la vitrine du cinéma basque, c'est pour nous un outil confortable. Je pense que notre parti pris est la continuité territoriale, nous sommes presque dans du "cinéma de terroir". Il y a une vraie logique de diffusion.

Si demain nous diffusons un film produit au Pays Basque mais dont l'histoire se passe en Argentine, ça ne perdra pas son sens. Nous ne sommes pas non plus attachés uniquement à des films qui ont une tonalité politique et historique, nous n'en faisons pas notre manie. [Avec la distribution du long métrage de la souletine Elsa Oliarj-Inès "Dans leur jeunesse, il y a du passé" en 2014, les deux partenaires se sont aussi ouverts à la diffusion du cinéma du Pays Basque Nord.]

Il y a des débats sur "qu'est-ce que c'est que le cinéma basque ?" J'ai tendance à considérer cette question sous l'angle le plus ouvert possible : certes, est basque tout film produit au Pays Basque, mais, à mon avis, sans critère de langue et sans obligation pour le film de se dérouler dans le territoire.