Charlotte Dalmont

La commission rend un avis défavorable pour le GPSO

Le Grand projet ferroviaire du Sud Ouest a reçu un avis défavorable de la commission d'enquête publique, menée fin 2014. Cette dernière est donc contre une déclaration d'utilité publique pour les lignes Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax. 

Le budget du GPSO atteint les 9,2 milliards d'euro.
Le budget du GPSO atteint les 9,2 milliards d'euro.

"La commission d'enquête publique, à la majorité, émet un avis défavorable à la déclaration d'utilité publique relative au projet de la ligne à grande vitesse Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax", a annoncé lundi 30 mars la préfecture de l'Aquitaine. L'enquête publique a été menée du 14 octobre au 8 décembre 2014. Un avis qui "affaiblit" le projet, selon le président du Collectif des associations de défense de l'environnement (CADE), Victor Pachon. C'est d'ailleurs la première fois qu'un avis défavorable est donné sur des projets de LGV, selon le CADE. 

Malgré tout, le projet n'est pas encore enterré. Cet avis rendu par une vingtaine de représentants de la société civile est consultatif. Le gouvernement a jusqu'en juin pour se prononcer, après avis du conseil d'Etat. Dans ses conclusions, la commission met l'accent notamment sur les perturbations engendrées au niveau de l'environnement : "Les pertes par destruction directe de la faune et de la flore, dues au chantier, qui pourraient compromettre la capacité ultérieure de reconstitution, ne sont pas analysées". Pour Bernard Péré, président du groupe Europe écologie les verts à la Région Aquitaine, cet avis "doit sonner le glas de ce projet d'un autre temps et se tourner vers les alternatives que sont les réaménagements et modernisations des voies existantes".

D'autre part, la commission souligne le fait que l'objectif du GPSO est de "relier sans arrêt les grandes métropoles". Par conséquent, selon elle, "le développement économique se concentrera autour des gares des deux métropoles [de chaque ligne, en l'occurrence Bordeaux, Dax et Toulouse – NDLR] et drainera l'emploi au détriment du développement local". Quant au gain de temps engendré par les nouvelles lignes, "il ne concerne qu'une minorité des trains sur ce trajet [Bordeaux-Toulouse – NDLR]".

Des versements suspendus

Cet avis défavorable "est presque une mise à mort", assure Victor Pachon, même s'il reste prudent : "On a gagné une bataille mais on va voir ce que l'État va faire". En attendant, le budget pour mener à bien le projet ne sera peut-être plus au rendez-vous. Des institutions participant au financement de la ligne Tours-Bordeaux (premier tronçon du projet) ont suspendu leurs versements depuis 2013, comme le Conseil général des Pyrénées-Atlantiques qui devait débourser 80 millions d'euros ou encore l'Agglomération Côte Basque Adour qui devait financer 26 millions d'euros. L'Agglomération Sud Pays Basque avait quant à elle refusé dès le départ de fournir une contribution s'élevant à 9,2 millions d'euros.

Le projet de ligne à grande vitesse a commencé dès 2005 avec les débats publics pour l'amélioration des services ferroviaires entre Bordeaux et Toulouse et Bordeaux et l'Espagne. En janvier 2007, une déclaration d'intention a été signée entre le ministre des Transports, le président de Réseau ferré de France (RFF) et les présidents des Régions Aquitaine, Midi-Pyrénées et Poitou-Charentes. Le projet prévoyait trois branches : Tours-Bordeaux, Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Espagne mais les deux dernières pourraient ne pas voir le jour, suite à l'avis défavorable de la commission.

Un avis défavorable nuancé par quelques points positifs, notamment : "le projet peut générer des retombées économiques qui favoriseront essentiellement les deux grandes métropoles" et "le chantier nécessite un nombre d'emplois directs et indirects conséquent et contribue à développer la qualification de la main-d'oeuvre et à maintenir l'activité des entreprises de travaux publics", indique la commission.