Argitxu Dufau

Alternatiba au sommet de la dernière chance

COP-21, le sommet international visant à éviter le déréglement climatique se tiendra à Paris à partir du 30 novembre 2015. Les militants écologistes des villages alternatifs Alternatiba seront au rendez-vous, enchaînant les mobilisations tout au long de l'événement.

Alternatiba à Bayonne en 2013 - © Gaizka Iroz
Alternatiba à Bayonne en 2013 - © Gaizka Iroz

Depuis le premier Alternatiba à Bayonne le 6 octobre 2013, les villages alternatifs se sont multipliés aux quatre coins de l'Hexagone : Agen, Bordeaux, Paris, Nantes, Lille ou encore Ciboure. Cette année, une cinquantaine est prévue entre juin et octobre un peu partout en Europe : Belgique, Angleterre, Pays Basque Sud, Suisse... Des initiatives qui s'inscrivent dans le contexte de la COP-21, durant laquelle les altermondialistes comptent bien rester actifs.

"Ce sommet international a comme objectif de trouver un accord permettant d'éviter l'aggravation du dérèglement climatique en prenant des mesures assez fortes à partir de 2020", explique Jean-Noël Etcheverry "Txetx", membre fondateur du mouvement Bizi!.

Nommé souvent comme "le sommet de la dernière chance", il ne garantirait pourtant pas l'aboutissement d'un "accord nécessaire". C'est pourquoi partout dans le monde, des gens se mobilisent pour faire pression sur les dirigeants et pour mettre en marche des initiatives de transition aux niveaux local et collectif, "sans attendre qu'un accord venu d'en haut apporte toute la solution", poursuit le militant.

Concrètement, tout au long du sommet, les militants écologistes resteront mobilisés : manifestations dans lesquelles sont attendues des centaines de milliers de personnes, mise en place d'un village mondial des alternatives, actions sous plusieurs formes, conférences...

Pour mener à bien toutes ces actions, une sorte de quartier général sera dressé dans une commune proche de Paris, l'Ile-St-Denis, en adéquation avec l'esprit des militants écolo : "le maire est à fond avec Alternatiba, c'est une commune populaire, on y trouve 68% de logements sociaux et 85 nationalités différentes pour 7 000 habitants", se félicite Txetx. Les 200 militants organisant l'événement seront hébergés dans le gymnase municipal de la ville pendant 15 jours.

Des départs du Pays Basque

Au niveau du Pays Basque, des bus et des trains seront probablement organisés pour prendre part aux mobilisations du week-end.

Ce haut sommet international aura lieu à Paris du 30 novembre au 11 décembre. C'est à la fois la 21e conférence des parties (COP-21) à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, et aussi la 11e conférence des parties siégeant en tant que réunion des parties au protocole de Kyoto (CRP-11).

Coup d'œil dans le rétroviseur

Le mouvement Alternatiba mobilise aujourd'hui des centaines de milliers de personnes à travers l'Europe et pèse de plus en plus dans la balance. Pourtant, comme souvent dans ce genre d'aventure, l'histoire part d'une étincelle. Petit coup d'œil dans le rétroviseur : "C'est un phénomène né de zéro, de Bizi! en Pays Basque, et qui commence à s'étendre un peu partout. Et cela devient important". Aujourd'hui, le mouvement s'est structuré en coordination européenne des Alternatiba, afin de faire le point et se développer. La prochaine coordination aura lieu à Bordeaux en avril prochain.

"Changer de système pour ne pas changer de climat", l'un des leitmotive des militants de Bizi! Faut-il y croire ? La réponse de Txetx est claire : "Oui, je pense que l'histoire n'est pas linéaire. Si on pense au rapport de force que nous avons actuellement et à l'immensité de la tâche, il y a de quoi se démoraliser. Six mois avant le printemps arabe de Tunisie, je connais un militant tunisien qui s'est suicidé. Il n'arrivait pas imaginer ce que serait la Tunisie à peine six mois après. L'histoire a des accélérations. Nous y croyons, lorsque nous voyons le pari que nous avons fait il y a trois ans, c'est fou ! La plupart des gens se moquaient de nous. (...) Si nous travaillons bien, si nous passons les seuils pour passer aux étapes supérieures, oui c'est possible, la bataille est encore gagnable".

Pourquoi est-ce si important ? "Le regard des générations de 2030/2040 nous sera très difficile à supporter si nous n'avons pas tout essayé pour éviter le chaos climatique. Nous serons jugés comme des "salauds", au même titre que nous jugeons parfois les gens qui n'ont rien fait pendant la seconde guerre mondiale", conclut Txetx.