Argitxu Dufau
Bayonne

Affiches des fêtes de Bayonne : "sexistes" ou "traditionnelles" ?

Au lendemain de la présentation des cinq affiches finalistes pour les fêtes de Bayonne 2015, les réactions ne se sont pas fait attendre. Certaines jugées "sexistes" et manquant de "modernité", Yves Ugalde, adjoint au maire et chargé de la commission extra-municipale "fêtes traditionnelles" répond. 

Les cinq artistes finalistes pour l'affiche des fêtes de Bayonne 2015 (Sylvain Sencristo)
Les cinq artistes finalistes pour l'affiche des fêtes de Bayonne 2015 (Sylvain Sencristo)

Hier, mardi 10 février, les cinq affiches finalistes pour les fêtes de Bayonne 2015 ont été dévoilées. Les réactions ne se sont pas fait attendre.

En face des satisfaits au retour à la tradition et aux stéréotypes, les opposants, jugeant certaines affiches "machistes" et "traditionnalistes". C'est le cas du PAF! (association Pour une Alternative Féministe). "Deux des trois affiches nous parraissent très masculines et clairement sexistes. Une autre place la femme dans une position de mère, une vision très misogyne", constate l'association. "Ce n'est pas étonnant car la commission est très masculine, en plus, les finalistes ne sont que des hommes", poursuit-elle.

Les membres regrettent ce choix car elles avaient entamé un travail avec la municipalité. "On pensait que les choses allaient évoluer, mais certaines affiches s'inscrivent dans un schéma sexiste et dépassé, au-délà de l'esthétique qui avec de tels messages manque de modernité", conclut l'association féministe.

Amaia Fontang, membre du collectif féministe contre les violences sexistes, réagit également à l'encontre de ces trois affiches : "globalement elles représentent toujours le même point de vue, c'est-à-dire la distribution des rôles très sexuée et traditionnelle" et "une vision rétrograde de la fête".

Concernant l'affiche d'Aski : "c'est toujours la fête dans la forme la plus classique, ce sont les hommes qui jouent des instruments et les deux femmes au loin n'ont pas un rôle actif". La femme qui joue du txistu en poussant une poussette d'André Lascoumes "montre encore une fois que la femme doit savoir tout faire et on ne peut pas penser que l'éducation des enfants peut concerner le couple. On trouve aussi l'idée que la fête pour une femme c'est le faire avec ses enfants". La troisième, celle d'Erwin Dazelle, lui fait penser à une affiche des années 30 "dans le look et la façon de penser la famille".

"Le machisme m'échappe complètement"

Yves Ugalde, adjoint au maire de Bayonne chargé de la culture et des jumelages ainsi que des commissions extra-municipales "fêtes traditionnelles", "taurine" et "toponymie", se défend : "Le machisme m'échappe complètement, mais peut-être qu'il y a des messages qu'il faut aller chercher de façon très subliminale pour y trouver du machisme partout".

Certes les artistes sélectionnés par la commission sont tous masculins mais Y. Ugalde dit ne pas se souvenir d'une candidature féminine : "Il n'y a aucune volonté municipale derrière cela, c'est la commision en totale liberté qui a choisi ces artistes", assure-t-il. Enfin si, il y en a une : "On a voulu sortir de l'approche très conceptuelle des dernières années pour aller vers quelque chose de plus classique avec des codes conventionnels, habituels et traditionnels des fêtes de Bayonne (...) avec des stéréotypes classiques. C'est pour cela qu'on a choisi des artistes locaux cette fois-ci".

Pourtant les affiches "conceptuelles" en question avaient bien été réalisées par des "locaux", à savoir le bayonnais Harri Idoate en 2013 et le navarrais Alfredo Leon Mañu en 2014. "Les affiches conceptuelles des dernières années avaient aussi été extrêmement critiquées sur le réseaux sociaux", conclut-il.