Charlotte DALMONT

Les médecins boycottent la carte vitale

Après une semaine de grève, du 23 au 31 décembre, les médecins font une grève administrative. Ils boycottent désormais les télétransmissions avant une possible "guérilla". 

Après une pause, les médecins reprennent la grève le 5 janvier.
Après une pause, les médecins reprennent la grève le 5 janvier.

Les 5 et 6 janvier, les syndicats de médecins libéraux, généralistes et spécialistes lancent un appel à la grève. En parallèle de cette grève s'organise également une grève administrative. Les médecins sont appelés à ne plus pratiquer la télétransmission et à envoyer par voie postale tous les formulaires. L'objectif ? Noyer les services de l'Assurance maladie sous la paperasse. Pour les patients, cela signifie un rallongement des délais de remboursement. En moyenne, la carte vitale rembourse sous cinq jours contre vingt jours par une feuille de soin. 

"Nous ne prenons plus la carte vitale, en accord avec le patient, précise Jean-Claude Labadie, secrétaire national et président régional pour l'Aquitaine de la Fédération des médecins de France (Union spécialiste). Et lorsque nous prenons la carte vitale, nous envoyons également un duplicata à l'Assurance maladie". La grève des médecins prend donc de nouvelles formes. Prochaine étape : l'information aux patients, comme l'explique Jean-Claude Labadie : "Nous prendrons du temps à chaque fin de consultation pour expliquer aux patients les dangers de cette loi, comme la fin du secret médical". 

Une phase de "guérilla"

Si la ministre de la Santé, Marisol Touraine, ne propose pas de changement à cette loi, les médecins pourraient enclencher une phase de "guérilla", dixit le docteur Labadie. "Au niveau local, à l'approche des cantonales, nous pourrions solliciter les élus. Certes, le domaine de la santé ne fait pas partie de leurs compétences, mais le social, oui". 

Au Pays Basque, les médecins suivent le mouvement, comme l'annonce Hervé Capdevieille, président du SML (Syndicat des médecins libéraux) pour les Pyrénées-Atlantiques : "Je suis déjà réquisitionné pour le 5 janvier". Tous les médecins ne font pas grève, "cela dépend de l'activité de chacun", souligne le docteur Labadie. La revalorisation du prix de la consultation est une des revendications des médecins, comme le souligne Jean-Jacques Bénichou, président de l'antenne des Pyrénées-Atlantiques du syndicat de médecins généralistes MG : "Cela fait 4 ans que nos honoraires de consultation n'ont pas été réévalués et 11 ans pour les honoraires de visite".

De 23 à 25€ la consultation

Les médecins généralistes souhaitent faire passer de 23 à 25€ la consultation, en supprimant ainsi les effets de l'avenant 19 (signé par les syndicats CSMF et SML fin 2006) qui la bloque à 23€. "La médecine générale est reconnue comme une spécialité mais nos cotations ne correspondent pas à celles d'un spécialiste, à cause de cet avenant", déplore le docteur Jean-Jacques Bénichou.

Parmi les autres revendications : le tiers payant. Le président de MG64 précise : "Nous ne sommes pas opposés au principe du tiers payant. Nous proposons un tiers payant optionnel, avec un seul payeur : l'Assurance maladie". Concrètement, les médecins ne s'occuperaient plus de la partie mutuelle de leurs patients et seraient remboursés directement par l'Assurance maladie. Une méthode qui a "déjà existé il y a dix ans", selon Jean-Jacques Bénichou.