Chloé REBILLARD

La visite du secrétaire d’Etat rassure les producteurs de piment d’Espelette

Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Europe et des affaires étrangères, était en visite au Pays Basque ce lundi 21 août. Les producteurs de piment et les élus locaux l’ont interpellé sur le projet d'exploration de mines d’or de la société Sudmine. Il les a assurés qu’il ferait passer le message.

Le secrétaire d'Etat, Jean-Baptiste Lemoyne, s'est également rendu à Lauak. Ici, avec Mikel Charritton, directeur général de l'entreprise. © Isabelle MIQUELESTORENA
Le secrétaire d'Etat, Jean-Baptiste Lemoyne, s'est également rendu à Lauak. Ici, avec Mikel Charritton, directeur général de l'entreprise. © Isabelle MIQUELESTORENA

À la sortie du centre d’interprétation Etxea, dédié au piment d’Espelette, Jean-Baptiste Lemoyne s’est vu remettre une corde qui soutenait une vingtaine de piments rouges. Au-delà du symbole, les piments étaient ambassadeurs d’un message porté à l’unisson par les producteurs locaux et les élus présents : nous ne voulons pas des mines d’or qui pourraient mettre en péril une production qui charrie du tourisme et une économie du terroir. 

Parmi les élus locaux qui ont interpellé le secrétaire d’Etat, Fréderique Espagnac, sénatrice, Vincent Bru, député, et les maires des communes d’Espelette et d’Itxassou ont insisté sur la nécessité de préserver cette culture si spécifique au Pays Basque. Jean-Baptiste Lemoyne a assuré qu’il avait entendu "qu’ici c’est l’or rouge qui importe". Il a ajouté : "Je ferai passer le message à qui de droit car il me paraît important de préserver le terroir."

À la sortie de la visite, les producteurs ont eu le sentiment d’être écoutés. Maialen Sarraude, responsable communication au Syndicat de l’AOP Piment d’Espelette, a "bon espoir que le projet ne se fasse pas". Elle assure : "On a eu l’impression qu’il avait bien compris le message". Par ailleurs, Vincent Bru, récemment élu député, a sollicité un rendez-vous avec Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, pour évoquer le dossier. Rendez-vous qui devrait se tenir sous peu et qui pourrait également porter ses fruits.

Maialen Sarraude espère une réponse ferme au lendemain de la manifestation, prévue le 16 septembre à Bayonne, car, dit-elle, "il ne faut pas oublier que si le projet se fait, c’est l’ensemble des producteurs de l’AOP qui seront touchés".

Une visite à Lauak

Un peu plus tôt dans la matinée, le secrétaire d’Etat avait effectué une visite à l’entreprise Lauak, spécialisée dans l’aéronautique et dont le berceau est situé sur la commune d’Hasparren. La visite était placée sous le signe de l’exportation française. Le secrétaire d’Etat a jugé que "Lauak fait partie de ces pépites françaises dont on ressort avec des étoiles dans les yeux".

Début août, les mauvais chiffres de la balance commerciale française avaient assombri l’été du gouvernement. Le déficit s’établit en effet à moins 4,7 milliards d’euros pour le mois de juin, il s’est creusé de 200 millions par rapport aux chiffres du mois de mai.

Le secrétaire d’Etat a tenu à relativiser cette mauvaise nouvelle : "La reprise d’activité en France a permis la reprise des importations. Les exportations continuent de croître également mais à un rythme moins soutenu, ce qui explique l’augmentation du déficit. Il faut continuer à travailler avec des entreprises comme Lauak afin d’améliorer cette situation." L’entreprise exporte en effet ses produits en Europe mais également au Brésil. 

Tourisme : la balle aux élus

Autre sujet abordé par le secrétaire d’Etat, le tourisme, qui fait actuellement des vagues sur la côte basque du fait des problématiques liées au tourisme de masse. "Ce que j’ai vu ici, ce sont des personnes qui ont à coeur le développement harmonieux du tourisme qui permette une cohabitation entre l’agriculture, le tourisme et l’industrie" pour Jean-Baptiste Lemoyne.

Quant aux questions de logement qui sont au coeur du débat actuel, il a rappelé la loi Lemaire, du nom de l’ancienne secrétaire d’Etat au numérique Axelle Lemaire, promulguée en 2016 et qui plafonne à 120 jours par an la possibilité de louer son logement via une plateforme numérique de type Airbnb. Il a également évoqué un travail mené actuellement avec le ministre de l’Économie sur la question de la fiscalité des plateformes numériques de location.

Aucune autre mesure n’a été évoquée par le représentant du gouvernement puisqu’il a renvoyé la balle aux élus locaux. "Je suis girondin et je ne pense pas que toutes les décisions se prennent à Paris. Il existe des leviers fiscaux ou autres dont les élus locaux s’emparent pour résoudre les problèmes. Je leur fais confiance."