Virginie BHAT

Plongée en eaux troubles

Un panache brun dans une eau trouble, c'est ce qu'a pu observer le Cade qui est allé plonger au pied des émissaires en mer de deux stations d'épuration de la côte basque. 

Une sortie d'émissaire de station d'épuration filmée par le Cade. (capture écran)
Une sortie d'émissaire de station d'épuration filmée par le Cade. (capture écran)

"Ça crache. On dirait des fumées d’usine", pointe du doigt Pascal Burgues, membre du Cade Commission eau et industrie. Mais, c’est dans l'océan, à quelque 200 mètres du littoral basque que ces volutes brunes sortaient début mai. Elles provenaient de deux émissaires de station d’épuration, celle de l’Uhabia à Bidart, et de la Milady à Biarritz. Filmés par des plongeurs qui ont aussi senti quelques odeurs nauséabondes, entre huit à dix mètres de profondeur au large des plages basques. Pour cette première fois, le Cade n'a pas fait de prélèvements de ces rejets.

"Il n’avait pas plu depuis quelques jours. Et nous ne sommes pas en saison estivale. Or, on nous dit qu'il n'y a pas de rejets des stations d'épuration par temps sec. Les rejets ont lieu seulement lors des épisodes pluvieux ou lors de dysfonctionnement. Cela veut dire qu’en plein été et avec un orage, on peut s’attendre à bien pire ! Et on dressera le drapeau violet sur les plages" estime Pascal Burgues s’interrogeant sur la nature de ces rejets, entre huiles, détergents… et autres perturbateurs endocriniens.

La vidéo que le Cade diffuse aujourd’hui - ce sont des problèmes techniques qui expliquent le délai entre la prise d’images et leur diffusion - a pour objectif d'alerter chacun. L’association ne tire pas à boulet rouge sur les communes. Pour l'organisation, les élus ne sont pas forcément au courant de ce qui sort des émissaires. "Nous n’incriminons ni les uns ni les autres."

Sept émissaires sur la côte

Le Cade qui demande des bilans journaliers des stations d’épuration dénonce la politique de l’autruche qu’induisent ces émissaires en mer. "En les mettant aussi loin, c’est comme ci on mettait la poussière sous le paillasson. Si nous avions ces rejets sous le nez… Nous devons travailler ensemble pour résoudre cette question, localement et puis en amont sur le bassin versant de l'Adour" exprime Pascal Burgues qui évoque aussi l'utilisation de l'eau par les simples usagers.

Sur la côte basque, sept émissaires de stations d’épuration et deux de bassins d’orage s’enfoncent dans l’océan et "136 exutoires d’eau dont on ne connaît pas l’origine existent entre Bayonne et l’estuaire de l’Adour, entre Anglet et Boucau".