MEDIABASK

‘Ne perdez pas votre temps avec nous’

Le diocèse de Bayonne n’a pas souhaité réagir au reportage de Cash Investigation et de Mediapart accusant 25 évêques, dont Monseigneur Aillet, d'avoir "couvert" 32 "agresseurs" ayant commis des abus sexuels sur 339 victimes.

L'enquête a été ouverte en avril 2016 ©DR
L'enquête a été ouverte en avril 2016 ©DR

"Pas de réaction,  pas de commentaire. Ne perdez pas votre temps avec nous", a réagi Olivier Drapé, chargé de la communication du diocèse de Bayonne-Lescar-Oloron après la diffusion du documentaire diffusé sur France 2 mardi soir.

Le reportage fait entre autres mention de Monseigneur Aillet puisqu’il fait partie des 25 évêques français ayant couvert 32 prêtres pédophiles pendant des années, prêtres ayant commis des abus sexuels sur 339 victimes.

Alerté par un courrier en 2009 des agressions sexuelles du père Jean-François Sarramagnan, l’évêque de Bayonne avait choisi de ne pas saisir la justice avant d’être averti, en 2016, que l’affaire sortirait dans la presse.  Le prêtre n’est donc mis en examen qu’en 2016, vingt-cinq ans après que le diocèse de Bayonne ait été informé. L’enquête est encore en cours.  

Le reportage, à revoir ici,  fait suite à un travail d’investigation de plus d’un an, à laquelle a participé le journaliste basque travaillant pour Mediapart, Antton Rouget. Il met en avant que dans l’Eglise, la dénonciation passe après la loi de Dieu. "Nous avons un devoir de charité par rapport à un frère prêtre. Il faut lui donner une chance de se repentir et de faire amende honorable", explique un témoin resté anonyme. Sous-titre, l’Eglise préfère le "pardon" plutôt que l’action en justice.

"On n’exclut personne de l’Eglise", souligne également Mgr Crépy, responsable de la cellule de lutte contre la pédophilie au sein de l’Eglise française. "Vous n’êtes pas prêt à être partie civile, aux côtés des victimes ? ", demande Elise Lucet. "Non", rétorque-t-il.

"J'éprouve un sentiment profond à la fois de honte, d'humilité et de détermination parce que je suis bien conscient que nous avons commis des erreurs, qu'il y a eu des silences coupables, qu'on a plus voulu défendre l'institution que faire la légitime place aux souffrances des victimes", a réagi dans la foulée le porte-parole de la Conférence des évêques de France (CEF), Mgr Olivier Ribadeau Dumas. Un sentiment qui n’est visiblement pas partagé par Mgr Aillet.