Virginie

L'ACBA veut garder son agriculture

Il ne reste plus beaucoup de terres agricoles sur l'Agglomération Côte Basque Adour. Pour ne pas les perdre, l'ACBA monte à l'offensive.

L'ACBA a travaillé avec BLE qui propose par ailleurs des formations à l'agriculture biologique ©Gaizka IROZ
L'ACBA a travaillé avec BLE qui propose par ailleurs des formations à l'agriculture biologique ©Gaizka IROZ

Depuis des décennies, les terres agricoles se réduisent comme peau de chagrin sur le territoire de l'Agglomération Côte Basque Adour. Depuis 1970, les trois-quarts de la SAU, surface agricole utile y a disparu.

Entre 2000 et 2010, 600 hectares ont été perdus, dont 200 hectares par artificialisation, le reste au profit de friches et de prairies d’agrément, notamment pour des raisons de précarisation de l’activité agricole, d’enclavement de parcelles ou encore de gel spéculatif. Comment résister à la pression foncière quand près de la moitié des agriculteurs de l'ACBA ont plus de 50 ans et n'ont pas de successeurs en vue pour leur exploitation respective?

Pour renverser cette vapeur et conserver les quelque 445 hectares de terres agricoles restantes (l'Acba couvre un territoire de plus de 75 km²), l'intercommunalité a décidé de mettre en place une stratégie pour l'agriculture urbaine. Elle a d'abord réalisé un diagnostic entre 2014 et 2015, avec en appui le groupement constitué par EHLG, Euskal Herriko Laborantza Ganbara, BLE, Biharko Lurraren Elkartea et SOLAGRO. L'étude faite, le groupe de travail a dessiné les perspectives de l'agriculture urbaine entre Boucau et Bidart.

Feuille de route

L’agriculture a encore sa place sur un territoire fortement urbanisé. D’un côté, là où il y a de la terre, il n’y a pas de béton. 5% du territoire de l’ACBA non imperméabilisé c’est toujours bon à prendre. De l’autre côte, cultures, prairies.. participent à l’entretien des milieux et paysages.

L’Acba s’est ainsi dotée d’une feuille de route en avril dernier pour relever deux défis : mettre sous clef le foncier agricole et développer une agriculture dont ses producteurs vivront et trouveront des débouchés. En circuits courts : la demande existe dans les centres urbains. Demande des particuliers ou des collectivités : "La restauration scolaire où des produits de qualité sont proposés est un débouché pour cette agriculture urbaine, tout au long de l’année", rappelle Martine Bisauta. en charge du dossier agriculture urbaine au sein de l’Acba.

"Nous allons faire, mais nous avons aussi déjà fait, remarque-t-elle. Nous venons de valider une zone d’aménagement différé Grand paysage, nature et agriculture urbaines. Une zone qui, à Bayonne représente 746 hectares. L’agglomération aura ainsi la possibilité d’intervenir et de préempter un terrain agricole ou de demander à la Safer." Cette ZAD s’étendra sur 2 254 hectares sur l’Acba, répartis sur les cinq villes qui la composent.

Maraichage et apiculture

Dès 2017, l’Acba va confier un terrain à Habas au nord de Bayonne à l’association Graines de liberté, afin d’y créer une ferme pédagogique en permaculture. "Nous allons déjà démarrer sur une parcelle de 2000 mètres carrés, précise Laurent Bernaiz, membre de l’association. Mais pendant l’année qui va s’écouler, nous allons procéder à une étude pour imaginer cette ferme." Graines de liberté appellera bien sûr à une réflexion collective et participative pour parvenir à ces fins sur 5 hectares.

A Arrousets à Bayonne, c’est un apiculteur qui vient d’être autorisé d’installer une dizaine de ruches. D’autres démarches sont en cours pour développer l’apiculture indispensable à la biodiversité, même en milieu urbain.

"Nous nous sommes aussi rapprochés de Trebatu", poursuit Martine Bisauta, qui porte le dispositif d’Espace Test en Agriculture au Pays Basque. Trebatu intervient comme une couveuse : il permet à un porteur de projet de tester son activité sur un à trois ans. Le jeune agriculteur bénéficie d’un accompagnement technico-économique grâce à un contrat d'appui au projet d’entreprise. L’Acba a déjà deux ou trois terrains en vue où l’expérience de couveuse en maraîchage pourra être engagée.