Justine Giraudel

Agressions sexistes : en route vers un modèle de tolérance zéro ?

Le rassemblement populaire des San Fermin marquera peut-être un tournant dans la prévention contre les agressions sexistes. Après Iruñea, c'est au tour de Gasteiz et de Donostia de s'armer pour lutter contre ce fléau. En Andalousie, la ville de Málaga s'inspire elle aussi du modèle navarrais et lance sa première campagne pour sa Feria 2016. Parce que non, c'est non. Point.

Le rassemblement du 7 juillet à Iruñea pourrait faire date dans la lutte contre les agressions sexistes.
Le rassemblement du 7 juillet à Iruñea pourrait faire date dans la lutte contre les agressions sexistes.

Le 7 juillet, quelques heures après l'agression sexuelle d'une jeune madrilène intervenue la première nuit de San Fermin, à Iruñea, des milliers de personnes se rassemblaient sur la place de la mairie pour dénoncer avec véhémence un acte "qui ne peut rester sans réponse". Quelques jours avant leurs propres fêtes, les villes de Gasteiz et de Donostia emboîtent le pas de la capitale navarraise.

Mi-juillet, la Mairie de Gasteiz présentait un dispositif voulu amélioré, érigé sur la prévention des agressions sexistes et l'accompagnement des victimes. L'affaire de chacun, a souligné la conseillère à l'égalité, Jaiona Agirre, pour que cessent des attitudes malheureusement socialement "excusées" au nom de la fête, de l'alcool ou de l'amusement. "Aucune excuse n'est valable".

A la campagne d'affichage pour le droit des femmes et des personnes LGBT à profiter des fêtes de La Blanca sans courir de risques, la mobilisation des associations, s'ajouteront un stand d'information ouvert du 4 au 9 août, de 12 h 30 à 14 heures et de 19 heures à 21 h 30, ainsi qu'un numéro de téléphone actif 24 heures sur 24 : 945 134 444.

Les services de la police municipale et des urgences sont eux aussi sensibilisés sur la prise en charge des victimes, la première étape du protocole étant leur écoute et le respect de leur volonté. Aucune impunité : en cas d'agression, une réunion sera convoquée d'urgence au sein des services de la mairie et un rassemblement organisé.

Même élan  institutionnel pour la Semana Grande de Donostia, du 13 au 20 août où la mairie a annoncé compter sur la participation active des professionnels et fêtards pour une véritable lutte contre les comportements sexistes. Des gestes dégradants, attouchements, aux conduites délictueuses, rien ne devrait être éludé. Bien plus au Sud, la ville de Málaga s'inspire elle aussi du modèle navarrais et lance sa première campagne massive de prévention contre les abus sexuels sous le slogan "Non c'est non !" pour sa Feria 2016, qui s'ouvrira le 1er août.

Prévenir, dénoncer, poursuivre

Le trio gagnant pour terrasser cette plaie ? C'est en tous cas le parti pris par Iruñea. La Mairie a annoncé se porter parti civile, aux côtés du procureur et certainement de l'avocat de la victime, dans le procès contre les cinq personnes arrêtées le 7 juillet dernier. L'action compte un précédent, celui de l'assassinat d'une jeune femme, Nagore Laffage, au cours des San Fermin de 2008, mais c'est la première fois que la ville se rendra au tribunal pour dénoncer une agression.

Et, nouveau pas supplémentaire, elle sera accompagnée du gouvernement de Navarre décidé lui aussi, par le biais d'une déclaration institutionnelle, à se porter partie civile dans les cas les plus graves de violences perpétrées à l'encontre des femmes.

Présenté comme une volonté politique claire, l'engagement en faveur du respect et de l'égalité hommes/femmes se fait citoyen et ne pourra s'effectuer sans l'amélioration du traitement professionnel apporté à ces questions : à la prévention s'ajoute la nécessité de l'accompagnement des victimes, tant dans le champ médical, social que juridique. La bataille reste coriace, mais les armes s'affûtent.