Bénédicte Saint-André

Jean-Jacques Urvoas s'exprime sur Lorentxa Guimon

Ce qui n'était qu'une "affaire individuelle" relevant de la justice il y a quinze jours aura finalement été traité "avec la plus grande attention" à la Chancellerie. Jean-Jacques Urvoas, garde des Sceaux depuis la démission de Christiane Taubira, revient sur la détenue "Madame Guimon". 

J-J. Urvoas a pris ses fonctions le 27 janvier dernier. © DR
J-J. Urvoas a pris ses fonctions le 27 janvier dernier. © DR

Après les sollicitations de nombreux députés l'alertant sur l'état de santé de Lorentxa Guimon, Jean-Jacques Urvoas, nouveau garde des Sceaux, sera finalement sorti de sa réserve.

Sa réponse est la suivante. Elle est "précise, circonstanciée et sera faite en substance aux différents députés qui [l']ont interpellé" (texte complet ci-joint).

Dans un premier temps, il reconnaît la "prise en charge médicale étroite" nécessitée par sa maladie ainsi que les difficultés inhérentes à cette prise en charge fin novembre "lors de la constitution d'escortes".  

Il précise ensuite que le chef d'établissement "a réorganisé les modalités d’extraction de l’intéressée  dès la mi-décembre et [qu']il est désormais en mesure de réaliser en toute autonomie les escortes nécessaires à la prise en charge de Madame Guimon".

"L’expertise diligentée dans le cadre de sa demande de libération conditionnelle déclare l’état de la détenue compatible avec sa détention au sein de cet établissement", ajoute-t-il.

Lésions irréversibles

L'avocate de Lorentxa Guimon, Maître Paulus-Basurco concède une prise de conscience récente sur l'état de santé de sa cliente de la part de l'Administration pénitentière. Pour autant, elle relève : "Ce que dit Jean-Jacques Urvoas est inexact. L'expert a été diligenté en août. Il a mis en garde sur une prise en charge non adaptée en cas de complications. Or, c'est bien ce qu'il s'est produit à de nombreuses reprises en octobre, décembre et janvier. Quiconque connaît le système carcéral sait qu'une prise en charge immédiate comme le nécessite sa maladie est incompatible avec la détention. Les lésions provoquées par les nombreuses annulations d'extraction sont irréversibles".

Par ailleurs, Jean-Jacques Urvoas dit ne pas être informé de la question formulée par Sylviane Alaux et adressée au ministre de l'Intérieur ce jeudi concernant le rapprochement des prisonniers basques, ni de la réponse qui lui fût faite, cette dernière "ne relevant pas de ses prérogatives". Il ne s'exprimera donc que sur le cas pour lequel il a été sollicité, celui d'une "détenue malade".

Dans le même sens, Clotilde Valter répondait ce jeudi à Sylviane Alaux que "leur suivi, faut-il le rappeler, relève de la seule compétence de l’autorité judiciaire". Or, l'autorité judiciaire n'est compétente que pour l'aménagement des peines. L'affectation et la prise en charge des détenus relèvent de la Chancellerie...

"Nous sommes dans une phase de découverte des dossiers", confiera ensuite l'équipe de J.J Urvoas. Comme le rapporte le journal Marianne, le nouveau garde des Sceaux a en effet recomposé entièrement son cabinet alors que les anciens conseillers de Christiane Taubira auraient broyé leurs archives en partant.