Argitxu Dufau

Pour la Cimade "le devoir d'hospitalité, c'est maintenant"

De plus en plus d'immigrés sont enfermés dans des centres de rétention administrative. La majorité sont des ressortissants européens et leur rétention est destinée à satisfaire des "politiques de chiffres", d'après les associations. La Cimade le dénonce dans la motion "Le devoir d'hospitalité, c'est maintenant".

 

Le centre de rétention d'Hendaye a retenu 194 personnes en 2014 ©Gaizka IROZ
Le centre de rétention d'Hendaye a retenu 194 personnes en 2014 ©Gaizka IROZ

L'association d'aide aux immigrés, la Cimade, a voté une motion le 20 juin 2015 intitulé "Le devoir d'hospitalité, c'est maintenant". La veille d’un Conseil européen consacré en partie aux questions migratoires elle dénonce "le déni de la réalité, d'humanité et des droits européens" de l'Etat français et de l'Union européenne. "Un cri d'alerte", pour dénoncer "une politique de quotas" et "un fatasme de l'invasion clandestine".

Selon ses membres, ces deux entités sont "incapables d'apporter des réponses à la hauteur de la réalité actuelle qui soient dignes des valeurs dont ils se réclament". De plus, elle déplore que l'enfermement dure en moyenne 17 jours. La loi l'autorise pour 45 jours. L'association appelle à mener une réflexion sur cette durée légale qui "ne reflète pas la réalité, c'est une abération de la maintenir".

Le centre de rétention administrative de Hendaye a enfermé 324 personnes en 2014, 95,8% étaient des hommes. Une personne s'était déclarée mineure mais les autorités l'ont considérée comme majeure. Parmi ces personnes 12% étaient marocaines, 10,2% pakistanaises et 8% algériennes. 73,8% d'entre elles ont été interpellées "à la frontière", 11% dans les transports en commun, 5,3 à la sortie de prison et 2,3% lors d'un contrôle sur la voie publique. Pour 2015, de janvier à juin, 194 personnes ont été retenues à Hendaye, dont 26 femmes.

"Faire du chiffre"

Selon ces chiffres, en 2014, 49 537 personnes sont passées par un des 25 centres de rétention admnistrative de l'Hexagone et des Dom-Tom, contre 45 377 en 2013. Une majorité d'entre elles sont européennes (55,1%), perçues comme une volonté de "faire du chiffre", car elles pourraient être plus facilement renvoyées. Les autres sont éloignées vers d'autres pays comme la Tunisie (15,2%), le Maroc (10,3%) et l'Algérie (9,1%).