Xan Idiart

Un air de fête, pour une manifestation empreinte d'émotions

Après des mois de préparation, la manifestation du 9 décembre a été une "réussite" selon les organisateurs. Des familles émues, des citoyens solidaires, tout le monde a défilé à l'unisson dans les rues parisiennes.

Les proches des prisonniers ont repris la route, le coeur chaud. © Marisol RAMIREZ
Les proches des prisonniers ont repris la route, le coeur chaud. © Marisol RAMIREZ

L'excitation est à son comble. Cela fait plusieurs jours, voir plusieurs mois que des milliers de Basques s'apprêtent à manifester dans les rues de Paris ce 9 décembre, en faveur du processus de paix et du rapprochement des prisonniers. Ils sont 11 000 selon les organisateurs, 6 200 selon la police.

Côté météo, le soleil est aussi de la partie après une semaine de doutes. Les sourires peuvent se lire sur les visages. C'est d'ailleurs l'occasion pour certains manifestants de se revoir après des années sans nouvelle.

C'est le cas de Maddi et de Xabi qui avaient partagé la troisième année d'études basques au campus de Bayonne et qui s'étaient perdus de vue. Ils se sont retrouvés par hasard Place du 18 juin 1940, lieu de départ de la manifestation. "Qu'est-ce que tu deviens?" "On habite à quelques kilomètres l'un de l'autre, mais c'est à Paris qu'on se rencontre après une dizaine d'heures de bus chacun de son côté".

De l'émotion, il y en a aussi chez les familles de prisonniers. Pour la énième fois, elles ont avalé des kilomètres pour un fils, une fille, une mère ou un père. La fatigue leur colle à la peau, mais le courage, lui, ne les quitte toujours pas.

"Ça me touche beaucoup"

"Moi j'ai mon fils à Fresnes" explique une femme aux cheveux blonds coupés court. "C'est la première fois que je me rends à Paris avec d'autres Basques pour réclamer le rapprochement des prisonniers. Ça me touche beaucoup."

Car du soutien, les familles en ont eu tout le long de la manifestation. Accompagné de gaita, trikititxa et de Fermin Muguruza dans un camion déambulant, le slogan "libération des prisonniers basques" se fait entendre dans les rues de la capitale. D'autres chantent pour se réchauffer. Il fait à peine 7 degrés.

Des élus et acteurs politiques de tous bords aussi sont présents. Ils se tiennent derrière une banderole et répondent aux questions des journalistes. "La situation des prisonniers basques est préoccupante", explique le député européen José Bové au micro de France Bleu. Cécile Duflot, elle, se réjouit du "succès de la manifestation".

Arrivés aux Invalides, les joaldun en tête de cortège font raisonner leurs cloches. Le tintamarre attire plusieurs passants, et les bénévoles en profitent pour parler du processus de paix en cours au Pays Basque. Finalement, tout le monde travaille à l'unisson. Familles de prisonniers, élus, ou simple sympathisants, ils veulent tous en finir avec la dispersion. "C'est une question de dignité humaine", expliquent-ils.