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L’expertise renforce les allégations de torture faites par Iratxe Sorzabal

Les conclusions de l’expertise psychologique et physique réalisée sur la militante basque ont été présentées lors de l’examen des mandats d’arrêt européens dont elle fait l’objet.

Iratxe Sorzabal a été arrêtée en 2015 à Baigorri.. (Jon URBE)
Iratxe Sorzabal a été arrêtée en 2015 à Baigorri.. (Jon URBE)

"Il est temps que la justice française réagisse face à la torture. Il faut du courage, mais la décision vous appartient." Émue, Iratxe Sorzabal a adressé ces paroles aux juges de la chambre d’instruction de la cour d’appel de Paris. Ce mercredi après-midi, ils examinaient les trois mandats d’arrêt européens (MAE) émis par les autorités judiciaires espagnoles. Ces mandats d’arrêt s’appuieraient sur des déclarations réalisées sous la torture, dénonce la défense, expertise à l’appui.

Les juges devront décider pour le 17 janvier prochain s’ils acceptent la demande de remise à la justice espagnole ou s’ils considèrent que ces MAE ne sont pas recevables du fait de l’application de la torture pendant sa garde à vue, en 2001. Après une première audience le 13 septembre dernier, cette fois, la défense a pu présenter les conclusions d’une expertise. Elles affirment que "les séquelles constatées sur Iratxe Sorzabal viennent corroborer de façon convaincante ses allégations de torture". L’expertise avait été ordonnée par le juge d’instruction dans le cadre de sa procédure judiciaire française et s’appuie sur le protocole d’Istanbul, un document de référence reconnu par l’Onu.

"Cette audience est d’une importance difficilement mesurable pour Iratxe Sorzabal", a souligné Me Cachenaut lors de l’audience. "C’est la première fois depuis 16 ans qu’elle a la possibilité de faire reconnaître les faits par les autorités judiciaires." Une plainte avait bien été déposée en son temps mais la justice espagnole avait décidé d’un non-lieu. Le signe d’une défaillance systémique de la justice espagnole, selon l’avocate, qui a rappelé que l’Etat espagnol a été condamné à sept reprises par la Cour européenne des droits de l’homme à cause du manque d’enquête dans les affaires de mauvais traitements pendant les gardes à vue.

L'avocate générale ne s'est pas positionnée sur les MAE et a demandé aux autorités espagnoles des informations complémentaires sur les faits de torture. Elle a également exprimé le souhait de recevoir l'original de l'expertise.