Chloé REBILLARD

Ecuries de Bigueyrie, Michel Veunac reconnaît "des erreurs bénignes"

Lors d’une conférence de presse, donnée ce mardi 5 décembre, le maire de Biarritz, Michel Veunac, a déroulé sa version des faits sur la cession des écuries de Bigueyrie. Il a reconnu quelques erreurs mais juge que l’affaire est allée trop loin. 

Michel Veunac est sorti de son silence lors d'une conférence de presse le 5 décembre. © Isabelle Miquelesterona
Michel Veunac est sorti de son silence lors d'une conférence de presse le 5 décembre. © Isabelle Miquelesterona

La cession par la mairie de Biarritz de deux parcelles abritant la société des courses de trot n’en finit pas de faire couler de l’encre. Michel Veunac a tenté de calmer les esprits en sortant de son silence après une semaine de questionnements arrivant de toute part. Il a admis quelques erreurs "non-intentionnelles" dans un "dossier complexe" et jure que ces erreurs ne porteront pas à conséquence. 

Lors de la conférence de presse, le maire de Biarritz, accompagné de Christophe Landrin, directeur des services de la ville, ont déroulé leur version des faits. Ils sont remontés à 2009, l’année de la première volonté de cession du terrain par la ville, alors dirigée par le prédécesseur de Michel Veunac, Didier Borotra. La ville d’Anglet, sur laquelle sont situées les parcelles, est intéressée par la vente du terrain. Le premier chiffrage demandé aux Domaines donne l’estimation des deux parcelles à 490 000 euros en décembre 2009.

La ville d’Anglet ne donne alors pas suite au dossier et celui-ci est relégué, jusqu’à ressortir de terre en 2014. Une nouvelle estimation est demandée aux Domaines mais, entre-temps, la loi ALUR est passée par là et le potentiel des parcelles a explosé. L’estimation chiffre à 920 000 euros le prix des parcelles à l’été 2014. La ville d’Anglet se refuse à mettre plus de 400 000 euros dans la transaction et décline l’offre de la mairie de Biarritz.    

Par ailleurs, malgré un PLU permettant de construire sur une large partie d’une des deux parcelles (l’autre étant inconstructible), la mairie d’Anglet fait part aux services de Biarritz de sa volonté de ne pas autoriser plus de 583 m2 à construire. Avec cet élément, la mairie de Biarritz demande une nouvelle évaluation du bien aux Domaines qui la lui apportent : 545 000 euros. La ville se tourne vers le locataire des lieux, la société des courses de trot. Celle-ci n’a pas les moyens d’engager de telles dépenses. Elle décline l’offre mais, deux semaines plus tard, présente un acquéreur qui accepte de maintenir la société jusqu’en 2021 dans le bâti et d’acheter à 545 000 euros. La vente est actée et votée en conseil municipal le 29 septembre dernier. 

C’est là que le maire de Biarritz admet une première erreur : "Nous aurions dû nous affranchir de la volonté de la ville d’Anglet de ne pas autoriser plus de 583 mètre carrés de construction sur le terrain et rester dans l’évaluation théorique." Maître Paul-Guillaume Balay, avocat au barreau de Lille, écrit : "Si un projet respecte le PLU (et les autres règles d'urbanisme), le maire ne peut refuser le permis de construire." Si le PLU autorise plus de construction que ce que ne désire la mairie d’Anglet, le recours au tribunal donnerait très certainement raison au propriétaire du terrain. La mairie de Biarritz a demandé à dévaluer un terrain sur les volontés affichées de la ville d’Anglet en matière d’urbanisme alors que le PLU prime.  

La question épineuse de la seconde offre 

Quelques jours avant le conseil municipal du 29 septembre, durant lequel la possibilité de vente a été votée, un second acquéreur est venu frapper à la porte de la mairie. Cette seconde offre s’élève à 650 000 euros. Lors de la conférence de presse, Michel Veunac a affirmé que l’offre lui avait bien été présentée par les services de la mairie. Mais comme étant "irrecevable". Car cette offre ne porte que sur la parcelle constructible du lot, non sur les deux parcelles, et qu’elle ne mentionne pas la possibilité de maintenir la société des courses de trot dans les locaux jusqu’en 2021. Cette nouvelle version des faits du premier édile est la troisième servie en une semaine. Elle lui permet de se dédouaner sur son administration qu’il juge par ailleurs "admirable". 

Sa première défense a été d’affirmer que la proposition était arrivée après l’envoi des convocations du conseil municipal. C’est d’ailleurs aussi ce qui a été répondu au promoteur par courrier de la mairie. Mais devant les protestations que provoque cette première ligne de défense auprès des autres conseillers municipaux, de l’opposition comme de la majorité, le maire effectue un premier rétropédalage et adopte une deuxième ligne de défense lors de la réunion de majorité de la semaine dernière : la proposition est arrivée… après le vote. Cette version est démentie par les cachets de la mairie sur les courriers. Finalement, lors de la conférence de presse, il admet une erreur et concède qu’il aurait fallut étudier la proposition plus en détail avec le promoteur intéressé. Mais une question demeure : pourquoi changer trois fois de version des mêmes faits en une semaine ? 

Et maintenant ? 

Aucune enquête interne n’a été ouverte pour déterminer si des fautes plus graves ont été commises, ou connaître l’origine des erreurs afin de ne plus les reproduire, malgré la demande de nombreux conseillers municipaux. Le vote de la décision de vente a été annulé et la mairie a demandé une nouvelle évaluation des Domaines ainsi qu’une autre expertise immobilière afin de s’assurer que les estimations collent à la réalité du terrain. La cession se fera par un appel public à concurrence. Les promoteurs déjà intéressés pourront réitérer leur offre, d’autres pourront se présenter.