Christophe DE PRADA

À Mont-de-Marsan, une opportunité de rapprochement

Aujourd'hui, lors de la première étape du Tour de France des prisons, à Mont-de-Marsan, un dialogue a pu être instauré entre l'autorité pénitentiaire locale et la délégation constituée d'une dizaine d’élus, d’une vingtaine de représentants d’associations et de syndicats basques.

Le député MoDem Vincent Bru serrant la main à la directrice du centre pénitentiaire de Mont-de-Marsan. ©Bob EDME
Le député MoDem Vincent Bru serrant la main à la directrice du centre pénitentiaire de Mont-de-Marsan. ©Bob EDME

La première étape du tour de France des prisons s'est donnée rendez-vous, en fin de matinée, devant la prison de Mont-de-Marsan. Cette délégation composée essentiellement des organisations basques en faveur du rapprochement des prisonniers basques, Bagoaz, Etxerat et Sare, était accompagnée par des associations de la société civile mais aussi des syndicats majoritaires et quelques élus basques. Une première étape landaise qui a permis d'instaurer un dialogue entre l'autorité pénitentiaire locale et les représentants officiels du collectif.

C'est ainsi que Vincent Bru, député des Pyrénées-Atlantiques, a pu échanger dans un premier temps avec la directrice de la prison de Mont-de-Marsan. Une première rencontre instructive. "J’ai appris aujourd’hui qu'il y avait cinquante places disponibles dans la prison de Mont-de-Marsan. La directrice ne serait pas contre le fait de recevoir des prisonniers et des prisonnières basques. Mais c'est un établissement normalement réservé aux hommes. Donc il faut prévoir quelques aménagements. Cela peut-être une opportunité de rapprochement."

Il rappelle la raison de sa présence : "Je suis ici, parce qu'en tant que député, j'ai la possibilité de visiter toutes les prisons de l'Etat français. Je continue le travail de ma prédécesseure Sylviane Allaux. Nous sommes tous conscients du scandale que représente la non réponse de la France concernant le rapprochement des prisonniers basques, surtout ceux qui sont malades." Mais le député MoDem voit déjà des "signes positifs" et veut "continuer à travailler dans ce sens".

Un grand espoir

Même son de cloche pour Josu Juaristi, euro-député d'EH Bildu. "La France est en train de changer d'attitude envers les prisonniers, tout va dans le sens d'une politique de paix. La caravane Bagoaz va elle aussi dans cette direction pacifique et constitue un grand espoir. Avant la mobilisation du 9 décembre à Paris, nous devons exiger de l'Administration pénitentiaire qu'elle applique la loi envers les prisonniers. "

Michel Berhocoirigoin, en tant que représentant des Artisans de la Paix, souligne à nouveau l'importance du désarmement d'ETA le 8 avril dernier, à Bayonne, grâce à la société civile. "Tout cela a été acté par le Premier ministre de l'époque et a changé la donne. Nous nous adressons directement au gouvernement actuel pour lui demander d'abolir les mesures d'exception qui pèsent sur les prisonniers politiques basques. L'Etat doit au plus vite supprimer les statuts de DPS* et favoriser leur rapprochement. Il faut que l'on revienne à un Etat de droit, un régime normal. Il y a maintenant un esprit de confiance mutuelle. Il faut en profiter pour continuer d'avancer dans ce sens. La paix se construit avec des apports de part et d'autre."

Une initiative qui réjouit Francisco Oses, père de Jose Javier Oses. La semaine dernière, ce dernier a été transféré dans la prison landaise. "Cela change tout pour nous ! Avant, nous devions parcourir plus de 1600 km aller-retour depuis Burlata jusqu'à Fleury-Mérogis. Maintenant, je peux quasiment faire l'aller-retour dans la journée et lui rendre des visites trois fois par semaine si je le souhaite. Mais je dois signaler que les familles sont toujours unies et motivées pour que la loi s'applique enfin. En ce temps de paix, nous continuerons notre travail pour qu'il n'y ait plus de prisonniers basques. Ni dans les cellules françaises, ni dans les cellules espagnoles."

*Détenu particulièrement signalé.