Malczuk, Caroline

La Belgique a 60 jours pour renvoyer Puigdemont en Espagne

Carles Puigdemont et les quatre conseillers catalans ont été libérés sous condition par la justice belge, dans la nuit du dimanche à lundi. Sous le coup d'un mandat d'arrêt européen, ils s'étaient rendus d'eux-mêmes dans un commissariat de Bruxelles ce dimanche 5 novembre.

Lors de son entretien à la télévision publique belge RTBF, Carles Puigdemont avait indiqué qu'il était "prêt à collaborer" avec la justice belge.
Lors de son entretien à la télévision publique belge RTBF, Carles Puigdemont avait indiqué qu'il était "prêt à collaborer" avec la justice belge.

Hier matin, Carles Puigdemont et les quatre conseillers catalans s’étaient rendus d’eux-mêmes dans un commissariat de Bruxelles où ils avaient été pacés en garde à vue. Cette nuit, ils ont été libérés sous condition, a indiqué Gilles Dejemeppe, porte-parole du parquet de Bruxelles. Avec "interdiction de quitter le territoire belge sans l’accord du juge d’instruction", obligation de "résider à une adresse fixe" et de "se présenter personnellement à tous les actes de procédure et convocations des autorités judiciaires et policières".

Comme l'avait requis le parquet espagnol vendredi dernier, la juge Carmen Lamela a lancé un mandat d’arrêt européen (MAE) à l’encontre de Carles Puigdemont et des quatre conseillers catalans exilés à Bruxelles. Ainsi qu’un mandat de recherche international s’ils venaient à quitter la Belgique.

"Le pays dans lequel la personne est arrêtée doit renvoyer celle-ci dans le pays qui a émis le MAE, dans un délai maximal de soixante jours à compter de l'arrestation. Si la personne consent à sa remise, la décision de remise doit être prise dans un délai de dix jours" indique la loi. La Chambre du conseil belge a donc deux mois pour se prononcer sur l’exécution du mandat d’arrêt.

Candidat aux élections régionales

Interrogé par la télévision publique belge RTBF vendredi soir, Carles Puigdemont avait indiqué qu’il était "prêt à collaborer" avec la justice belge. Et annonçait déjà qu’il n’allait pas la fuir et même se rendre. Toujours vendredi, il s’était dit "disposé" à être candidat aux élections régionales du 21 décembre. Le PDeCAT a confirmé dimanche que Carles Puigdemont serait sa tête de liste.

Alors que huit membres du Gouvernement catalan sont en détention provisoire dans l'Etat espagnol, le vice Premier ministre belge Jan Jambon a pris leur défense sur la chaîne belge VTM Nieuws, dimanche, en s’interrogeant : "Qu’ont-ils fait de mal ? Simplement appliquer le mandat qu’ils ont reçu de leurs électeurs. Je me pose donc des questions." Il a été soutenu par l’ancien commissaire européen et ex-ministre belge des Affaires étrangères, Karel De Gucht.

En revanche, les déclarations du vice Premier ministre belge n’ont pas plu à Esteban Gonzalez Pons, porte-parole du Parti populaire espagnol et vice-président du groupe Parti populaire européen au Parlement européen. Dans un communiqué, il dis les considerer "irresponsables et dangereuses pour le maintien d’une coopération nécessaire entre Etats membres de l’Union européenne".

Un combat idéologique

Des voix se sont aussi élevées dans l'Etat français. Lors de l'émission Le Grand Jury, l’ex ministre et candidate à la présidentielle Ségolène Royal a dénoncé "l’étrangeté qu’il y a à voir au coeur de l’Europe des personnalités politiques incarcérées pour avoir mené un combat idéologique". Selon Ségolène Royal, les institutions européennes "devraient servir de pôles de médiation".  

Dimanche, avant la publication de la décision du juge belge, Jean-Luc Mélenchon, président du groupe La France Insoumise à l'Assemblée nationale, avait également réagi via un tweet.