Xan Idiart

Train de la Rhune : une prime de langue pour les employés bascophones

Les employés bascophones du train de La Rhune peuvent désormais prétendre à une prime de langue. Il leur faut pour cela attester d'un certain niveau en euskara. La prime correspond à une quarantaine d'euros en plus tous les mois.

Selon le syndicat LAB, les primes de langue peuvent s'accumuler. © Isabelle Miquelestorena
Selon le syndicat LAB, les primes de langue peuvent s'accumuler. © Isabelle Miquelestorena

Thierry Lopez, employé au petit train de la Rhune a le sourire. Dans son travail, une prime de langue sur l'euskara pourra être octroyée aux employés bascophones attestant d'un certain niveau. Cela correspond à une quarantaine d'euros en plus tous les mois. Elle s'appliquera aux employés à l'année comme aux saisonniers.

"La prime n'a pas été facile à obtenir", avoue le salarié. "Il a fallu nous battre". En 2014, le Conseil départemental en accord avec la Communauté autonome basque et la Navarre s'engageait en signant un accord pour valoriser l'euskara sur le site. Pourtant, à ce moment-là, le gestionnaire du chemin de fer l'Etablissement public des stations d'altitude (Epsa) qui emploie une vingtaine de personnes à l'année et 70 en pleine saison ne veut pas entendre parler d'une quelconque prime de langue.

Trois ans plus tard, le 31 août 2017, vingt-deux employés sur vingt-quatre menacent d'entamer une grève. La veille, une réunion stérile a eu lieu avec les instances de l'Epsa. Beaucoup demandent aussi une prime d'insalubrité promise par la direction en 2014. Sur la prime de langue, Laurent Dourrieu, président de l'établissement public tente de désamorcer le conflit.

Pour cela, il présente des chiffres "que lui-même considère comme fumeux" avance Thierry Lopez. Chaque année, seul 0,08% de simples bascophones se rendraient sur les auteurs de la Rhune, selon L. Dourrieu. Personne ne confirme ni ne croit les chiffres. Le bras de fer continue et le 27 septembre les employés de l'Epsa obtiennent le droit d'une prime de langue en plus de celle de salubrité.

Victoire de LAB

Thierry Lopez ainsi qu'une douzaine de ses collègues sont affiliés au syndicat LAB. "Le combat mené par les travailleurs du train de la Rhune correspond parfaitement à notre campagne 'Herrian erabaki' [décider ici, ndlr.]", explique Jean-Michel Dirassar en charge des services privés à LAB. "Si un syndicat local comme LAB n'avait pas été là, aucun autre ne se serait battu pour la prime de langue, surtout pas la CGT”.

Bien que l'euskara soit une langue "régionale" dans l'Hexagone, elle a été considérée comme étrangère par l'Epsa parce qu'officelle dans l'Etat espagnol. A l'avenir, si elle le devenait aussi dans l'Etat français, les employés de la Rhune ne bénéficieraient plus de la prime de langue. "Mais ce jour-là, c'est une perte dont nous nous réjouirons", affirme Thierry Lopez toujours sourire aux lèvres.