Chloé REBILLARD

France 3 Pays Basque menacé de fermeture, les soutiens se multiplient

Les salariés de France 3 Bayonne l’ont appris jeudi dernier en Comité d’entreprise (CE) : la direction veut fermer les éditions locales en 2018. Le rassemblement appelé par les salariés ce mercredi 27 septembre, à midi, devant la CCI de Bayonne pour protester a réuni quelques centaines de personnes. 

Le rassemblement pour le maintien de France 3 Euskal Herri a réuni plusieurs centaines de personnes, dont Jean-René Etchegaray ou encore Claude Olive. © Bob Edme
Le rassemblement pour le maintien de France 3 Euskal Herri a réuni plusieurs centaines de personnes, dont Jean-René Etchegaray ou encore Claude Olive. © Bob Edme

Des élus postés sur les marches de la CCI avec l'affichette "Oui au maintien du journal local France 3 Pays Basque" et des centaines de personnes anonymes venues en soutien : c'est l'image que l'on retiendra du rassemblement appelé par les salariés. Depuis l'annonce de la femeture des éditions locales, les soutiens sont nombreux.  

Pour Sabrina Corrieri, déléguée du personnel de France 3 Bayonne et membre du SNJ-CGT, la volonté de la direction nationale de la chaîne publique de supprimer les éditions locales a été "très rapide, très brutale" et maintient les salariés dans le flou. "On nous dit qu’a priori l’emploi serait maintenu mais sans savoir sur quoi et nous ne savons pas ce qu’il adviendra du magazine et de l’édition hebdomadaire." Seize titulaires et de nombreux CDD, parfois en poste depuis quinze ans, sont concernés.

L’édition locale, ce sont ces sept minutes à la fin de l’édition régionale, réalisées par des journalistes basés au Pays Basque, à Bayonne en l’occurence, et qui traitent des sujets propres au territoire. Chaque soir, un reportage d’une minute environ est réalisé en euskara. Pour S.Corrieri, "c’est un journal vraiment à destination des spectateurs du Pays Basque".

Face à cette volonté de suppression, les salariés de toutes les éditions locales ont été appelés à faire grève mercredi 27 septembre. A Bayonne, un rassemblement est prévu à midi devant la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI). "Pour nous, c’est très clair, on demande le maintient du journal" rappelle S.Corrieri

 Les éditions locales délaissées

La direction nationale s’appuie sur les mauvais chiffres des audiences enregistrés ces dernières années des éditions locales pour justifier leur suppression. Mais du côté des salariés, on s’insurge de cet argument qu’ils jugent nul et non avenu.

Sabrina Corrieri explique : "Depuis des années, on demande que les éditions locales soient diffusées numériquement. Aujourd’hui, seuls les téléspectateurs qui ont encore les chaînes hertziennes ou la TNT peuvent les regarder. L’ADSL, les boxes numériques ne permettent pas de visionner l’édition de Bayonne. Or, dans les zones rurales où les antennes ne passent pas, c’est problématique. Idem dans les zones urbaines où l’habitat collectif ne permet pas aux personnes de mettre une antenne : ils passent tous par des boxes numériques." 

Pour les salariés des éditions locales, il faudrait donc non seulement maintenir les journaux mais également développer l’offre afin que tous les téléspectateurs puissent les regarder. 

La région veut faire pression

Depuis l’annonce de la suppression de l’édition locale Pays Basque, les soutiens se sont multipliés. Le maire d’Anglet, Claude Olive a pris position en faveur du maintien de l’édition locale, ainsi que le PNB, la CFDT Pays Basque, le Front social, Batera, le NPA, EH Bai. Certains élus, à l’image de Jean-René Etchegaray et des sénateurs Frédérique Espagnac et Max Brisson, fraîchement réélue et élu, ont également réagi sur les réseaux sociaux pour protester contre la décision de la chaîne publique. Le député Vincent Bru, retenu à Paris s'est fendu d'un communiqué de presse pour assurer les salariés de son soutien dans leur lutte.

Une lettre signée du président du Département, Jean-Jacques Lasserre, et du président de l'assemblée des départements de France, Dominique Bussereau, a été envoyée au directeur délégué de France 3, Olivier Montels. "La fin de ces journaux locaux est une véritable perte pour la visibilité de nos territoires et des initiatives qui les animent" est-il écrit. Une pétition de soutien, appuyée par de fidèles téléspectateurs est également en ligne. 

Du côté des élus régionaux aussi la décision ne passe pas. Et ce, d’autant plus qu’ils sont actuellement en négociation avec France 3 pour lui accorder des moyens financiers dans le cadre d’un contrat d’objectif et de moyen audiovisuel. Le but ? Développer les projets locaux et les programmes en langue basque et occitane. Ce qui ne cadre pas vraiment avec cette décision de supprimer les éditions locales.

Pour Mathieu Bergé, conseiller régional : "Nous voulons développer en partenariat avec France 3 la visibilité des territoires et des langues qui y sont associées mais certainement pas en supprimant ce qui existe déjà !" Les élus de la région en charge du numérique ont donc demandé à rencontrer les directions de France 3 pour évoquer le sujet. Le contrat qui devait être signé en octobre pourrait être a minima retardé si France 3 maintenait sa décision.