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Des études supérieures qui ne permettent plus de trouver un emploi

Le diplôme universitaire était il y a peu de temps encore un visa pour un travail professionnel dans l’Etat espagnol et au Pays Basque Sud. Depuis, les réformes éducatives l’ont dévalorisé et la crise économique a limité son efficacité pour trouver un emploi de qualité.

La licence a perdu de sa valeur du fait des réformes de l'éducation des dernières années. © Juan Carlos RUIZ/ARGAZKI PRESS
La licence a perdu de sa valeur du fait des réformes de l'éducation des dernières années. © Juan Carlos RUIZ/ARGAZKI PRESS

D’après les chiffres du service de l’emploi espagnol, 33,7% des contrats signés en 2015 par des diplômés de l’université ne donnaient pas accès à des emplois hautement qualifiés. Depuis 2010, ce chiffre ne fait qu’augmenter.

Environ un tiers des personnes qui terminent leurs études supérieures ne trouvent pas de travail correspondant à leur qualification. Dans la Communaté autonome basque (Cab), le pourcentage dépasse la moyenne de l’Etat espagnol et atteint 38,4%. La Navarre, elle, affiche un pourcentage moins élevé, de 24,7%. Ainsi, dans cette province basque, un diplômé universitaire sur quatre ne trouve pas d’emploi en lien avec ses études.

L’Etat espagnol est en tête des pays européens avec le moins de diplômés de niveau supérieur bénéficiant d’un emploi hautement qualifié, ce serait le cas de seulement 62,6%. La moyenne de l’Union européenne est de 77%, soit, 15 points supérieurs. Trois autres pays se trouvent au-dessous de la barre des 70% : Chypre, la Grèce et l’Irlande. Il n’y a pas de chiffre précis sur ce groupe de travailleurs pour la Cab et la Navarre.

Décalage entre l’offre et la demande

En revanche, selon la fondation Conocimiento y Desarrollo (connaissance et développement, en espagnol) qui analyse tous les ans l’évolution de l’emploi hautement qualifié ; en 2015 le décalage entre l’offre et la demande de ce type d’emploi est supérieur à celui des emplois de qualification moindre. C’était également le cas les années précédentes. L’écart le plus important se trouve dans le groupe des directeurs et des gérants.

Quant aux personnes qui travaillent dans des activités qui ne correspondent pas à leur formation, 23,8% occupent un emploi de bureau (comptabilité, administration) ou travaillent dans la restauration, le service à la personne et la vente. Alors que pour ces métiers, une formation d’un niveau moins élevé aurait suffi. 7,7% n’auraient pas eu besoin de diplôme pour occuper le poste qu’elles occupent.

A partir de ces données, il apparaît que la structure de production n’est pas capable de créer de l’emploi pour des personnes hautement qualifiées dont la situation économique est fragile. Et la brèche continue de s’agrandir.

Situation endémique

Ce phénomène porte un nom : la suréducation. Il met en évidence le décalage entre la qualification et le système économique qui n’est pas en mesure de mettre à profit la formation acquise dans le système éducatif par les nouveaux travailleurs. Une situation qui est devenue endémique depuis la crise économique. Depuis 2010, le nombre de diplômés universitaires qui ont signé un contrat dont le niveau d’exigence était moindre a augmenté de 31%.

Jusqu’à il y a peu, en plus de la reconnaissance sociale, les études universitaires donnaient accès à un travail professionnel. La crise a accéléré les changements, mais la transformation vient d’avant.

Le processus de dévalorisation des études supérieures a débuté à Bologne (Italie) en 1999, avec la signature par les ministres de l’Education des Etats d’Europe d’une déclaration afin de faciliter l’échange de diplômés et d’adapter les études à la demande sociale. Dans l’Etat espagnol, les principes de ce processus ont été inscrits sur le marbre dans la loi des Universités 4/2007. L’objectif affiché était d’harmoniser les études supérieures dans l’espace européen par le biais d’une réforme profonde de la structure et organisation de l’enseignement supérieur.

Dans la pratique, ils ont engendré la dévalorisation de la licence. Et après la mise en place du master, c’est ce dernier qui donne une valeur réelle aux études universitaires. Mais plus onéreux, le master est devenu un obstacle insurmontable pour de nombreux étudiants d’origine ouvrière et populaire.