Xan Idiart

Euskara : l'hémorragie est stoppée

Il y a de plus en plus de bascophones dans l'ensemble du Pays Basque. C’est ce que l’enquête sociolinguistique réalisée fin 2016 par l’Office publique de la langue basque, le Gouvernement basque et le Gouvernement navarrais révèle. Dans les provinces du nord, pour la première fois, les chiffres ne baissent pas.

La sixième enquête sociolinguistique montre qu'il y a de plus en plus de bascophones. © Nahia Garat
La sixième enquête sociolinguistique montre qu'il y a de plus en plus de bascophones. © Nahia Garat

La bataille n'est pas encore gagnée, mais le moral est plutôt au beau fixe pour les amoureux de la langue basque. En effet, selon la dernière enquête sociolinguistique commandée par l'OPLB, le Gouvernement basque et le Gouvernement navarrais, en un quart de siècle, il y a 223 000 locuteurs basques en plus dans l’ensemble du territoire de la langue.

Pays Basque Nord

En ce qui concerne le Pays Basque Nord, c'est la première fois depuis 25 ans, que le nombre de bascophones ne baisse pas. En 2016, comme en 2011 - date de la précédente enquête sociolinguistique -, il y avait 51 000 bascophones. Ceci est une bonne nouvelle pour Mathieu Bergé, président de l'OPLB, car depuis 1991, "ce chiffre n'avait cessé d'être sur la pente descendante".

Si le nombre de locuteurs bascophones reste stable, en revanche, la part relative elle, est moindre. Ces 51 000 bascophones du Pays Basque Nord représentent aujourd'hui 20,5 % de la population totale, contre 21,4 % en 2011. Cela est dû au fait que beaucoup de non bascophones se sont installés au Pays Basque Nord ces cinq dernières années. 9 000 très exactement. Au total, ce sont 175 000 personnes qui ne sont pas bascophones, et qui vivent au Pays Basque Nord. A ce propos, Mathieu Bergé ajoute qu'une politique linguistique "doit d'abord s'adresser aux non locuteurs", sans ajouter plus de précisions sur le sujet.

Le président de l'OPLB insiste également sur "l'importance incommensurable" de l'éducation. Les chiffres lui donnent raison. En 2016, le nombre de bilingues réceptifs, c'est-à-dire ceux qui comprennent bien la langue mais qui ne sont pas aptes à la parler correctement, était de 23 000 personnes, soit 1 000 de plus que cinq ans auparavant. Selon Mathieu Bergé, une grande majorité de ces bilingues réceptifs vient de l’éducation. Par ailleurs, grâce à l'éducation il y a davantage de personnes capables de s'exprimer en basque. Ce sont les 16-24 ans qui parlent de plus en plus l’euskara, cette génération étant celle qui a le plus reçu un enseignement dans la langue d’Atxaga.

L’ensemble de ces résultats est donc bon à court terme, mais mauvais sur la durée. A court terme, car pour la première fois en 25 ans, le nombre de bascophones n'a pas diminué. A long terme, il faut tout de même rappeler qu’il y avait 56 100 bascophones en 1996 au Pays Basque Nord. En 20 ans, il y a  donc environ 5 000 bascophones en moins au Pays Basque Nord.

                 Nombre de bascophones tous les cinq ans.

                   Source: sixième enquête linguistique.

Le Pays Basque dans son ensemble :

Bingen Zupiria, et Mikel Arregi, respectivement responsables de la politique linguistique d’Euskadi et de Navarre, ont quant à eux, souligné une avancée dans la promotion de l’euskara. Depuis 1991, la langue basque a gagné 223 000 locuteurs sur l’ensemble de son territoire, et contrairement à 1991, c’est la tranche d’âge la plus jeune (16-24 ans) qui est la plus bascophone.

De plus, l’utilisation habituelle du basque a aussi augmenté. 16,5% utilisent de manière habituelle l’euskara, 4 points de plus qu’en 1991. C’est une nouvelle réjouissante, d’autant plus que les personnes qui utilisent plus habituellement le basque sont ces jeunes de 16-24 ans qui sont eux-même de plus en plus bascophones.