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Processus de désarmement

Une même question a été posée à différentes personnes directement touchées par le conflit basque : Quelles sont vos attentes face au processus de désarmement ? Eloy Uriarte, Gorka Landaburu, Unai Arkauz, Jeanine Beyrie, Patxi Noblia, Clément Soulé et Allande Socarros y répondent.

ETA DESARME
ETA DESARME

Eloy URIARTE, membre du Collectif des exilés :

“C'est un moment qui devait arriver, et ce sera le 8 avril. Je ne considère pas cette journée comme une grande fête…Après plus de quarante ans de lutte, je dois dire que, intérieurement, j'attendais plus. J'espérais que la restitution des armes allaient avoir de meilleures conséquences pour notre peuple, surtout pour les preso. Il y a encore beaucoup à résoudre au Pays Basque, et parmi tant d'autres questions, celle des prisonniers.

Je ne le considère pas comme une défaite. Ceux qui ont toujours évolué dans le schéma vaincus-vainqueurs diront que si. Mais cela n'est pas une défaite. C’est une conviction. Après avoir passé beaucoup de temps à étudier la situation, à voir ce qui était possible ou pas, la conviction est qu'il faut continuer la lutte politique d'une autre manière au Pays Basque.

Un travail immense nous attend maintenant, surtout pour les jeunes. Ce n'est pas suffisant de dire que ce n'est pas assez, nous devons continuer la lutte, et surtout, le travail dans les rues. Pour que cette flamme que nous avons pu maintenir vive puisse continuer à vivre et devienne chaque fois plus forte.”

Gorka LANDABURU, journaliste, victime d'ETA

Je dois dire avant tout que c'est une bonne nouvelle qu’ETA se désarme. C'est ce qu’on attendait depuis longtemps. Nous espérons que, cette fois-ci, les choses se feront sérieusement, et pas comme il y a trois ans, lorsqu'ils ont remis quelques armes, destinées aux représentants internationaux.

C'est un désarmement qui vient un peu tard, mais j'espère que cela se fera dans la discrétion, et dans le respect de toutes les victimes d’ETA. J'espère que, par la suite, la dissolution de l'organisme terroriste viendra et que ses membres feront également une autocritique.

Parallèlement, nous espérons qu'il y aura un geste de la part du gouvernement espagnol et du président Rajoy. Qu'il commence à flexibiliser sa politique pénitentiaire, qu'il rapproche les prisonniers d'ETA et ceux des autres organisations qui sont dans les prisons espagnoles, et aussi françaises.

Il y a encore beaucoup de chemain à faire pour que cela ne soit plus que de l'histoire, du passé. Pour que cette histoire qu’il y a eu au Pays Basque ne se reproduise jamais. Que pour faire passer des idées politiques, des gens ont utilisé des bombes et des pistolets.”

 

Unai Arkauz Josu Arkauz presoaren semea

“Senide gisa, bada momentu bat itxoiten dugula Estatu espainia-rraren eta frantsesaren partetik presoen gaian aitzina pausu ba-tzuk egitea. Nik desarmea ikusten dut gatazkak ekarri dituen ondorio guztien konponketa ahalbidetzeko tresna gisa. Ene kasuan aita kartzelan da, hori ere ondorio bat da. Nahi nuke presoen gaian salbuespen politikak etetea eta gizartearen eskaerak kontutan hartuak izan daitezen. Herri guztiak konpartitu ditzazkeen pausu batzuen ikustea, denok batera hori aitzinaraziko dugularik.”

“Gazte giza, guk ez dugu borroka armatua ezagutu. Guri tokatzen zaigu gure historian parte hori atzean uztea, ahantzi gabe zein izan den, zer suposa-tzen duen. Zentzu horretan memoriak, errelatoak garrantzia handia du. Hortik, guri tokatzen zaigu berrogeita hamar urteko borroka berrindartzea gaur egungo tresnak erabiliz. Aitzineko urteetan aitzinako belaunaldiek egin duten bezala.”


Jeanine BEYRIE, mère de Lorentxa, incarcérée depuis plus de 14 ans :

“Le 8 avril. Et après ? Ce qui sera fait le 8 est nécessaire, ce qui sera dit déterminera notre devenir, celui des militants incarcérés, des réfugiés, des anciens prisonniers, de nous toutes et tous. Le 9 avril nous attendons la remise en liberté immédiate de tous les prisonniers malades, parce que c’est la loi ! Ce premier geste mettrait un terme à une violence vengeresse insupportable, révoltante. Il pourrait aussi nous redonner confiance.”

Le week-end du 16 nous serons encore des centaines à prendre la route pour 40 ou 60 minutes de parloir, avec j’espère plus de légèreté, avec la conviction que tous les artisans de la paix d’hier et d’aujourd’hui qui se sont levés, mettrons toute leur énergie à faire en sorte que notre seule préoccupation à venir soit celle d’organiser les Ongi Etorri. Comme disait une de nos amies d’Etxerat : chez nous, l’optimisme est pathologique.”

Clément SOULE Témoin des attentats du Gal dans le Petit Bayonne

“Ces années de lutte au Pays Basque ont révélé des grands moments de solidarité et d’entraide. Ils ont montré que certains étaient prêts à beaucoup donner pour Euskal Herri. On doit être fier de tout ça. Et on ne doit surtout pas oublier, mais le transmettre.
Le moment du désarmement devait arriver, et il serait grand temps maintenant que les prisonniers sortent. Et je pense que l’on cède aujourd’hui, on le gagnera demain, démocratiquement.

Le 8 avril sera une grande journée. Celui d’un Pays Basque réuni, au delà de ses frontières. Il reste encore beaucoup à construire en Euskal Herri, et j’ai confiance. Je suis optimiste. J’ai espoir dans la jeunesse, pour qu’elle continue le travail mené jusqu’à aujourd’hui. Il faut qu’elle soit fière de l’Histoire qui sera écrite.”

Allande Socarros Ekaitza astekariaren zuzendari ohia

“Armen uztea beti ona den zerbait da. Armak baliatzea da normala ez dena. Ez da sekula armarik baliatzen gogoz. Uste dut borroka armatua eraman duten guziek hori erranen luketela. Kontua da nola egiten den.

Hemen gertatzen dena, neretzat zirko mediatikoa eta jendarte manipulazioa da. Pentsatzen dutana da ETA, eta bere mundua, goikaldetik ateratzen entseatzen ari direla. Hau da, indarraren erabileraren bitarteko borrokan galdu dute errepresioaren eraginez; galdu dute, eta haiek ordezkatzen dituen ezker abertzale horrek ere galtzen du hauteskundeetan. Orohar, eragin politikoan galdu dute.”

“Horrez gain hobesten dute aterabide indibiduala kolektiboaren ordez. Gaur egiten ari dira justuki diela aspaldi gogorki salatzen ari ziren gauza bera. Armen uztea
erreza da berez, kontua da nola.”

Patxi NOBLIA, Arrêté à la suite de la découverte d’une cache d’armes à l’entreprise Socoa

“J’espère que ce processus permettra de pouvoir boucler la boucle d’une page d’histoire. Et ce, même si les autorités n'ont pas pris leur responsabilités. C'est assez sensationnel que ce soit la population qui résolve ce problème difficile. J'espère que cela se passera le mieux possible, sans complication de dernière minute de droite ou de gauche.”

Le lendemain, beaucoup de questions restent à régler, que ce soit la situation des détenus malades des peines excessives qui tournent vers la perpétuité. Là aussi, le désarmement complet permettra de décontracter un peu le débat. Et il permettra aux représentants des institutions de pousser à ce que le problème puisse se résoudre dans la meilleure civilité possible d'un problème délicat”.