Bénédicte SAINT-ANDRÉ

Ahetze : un projet immobilier fait polémique

Alors que le permis de construire est en cours d'instruction, une cinquantaine d'opposants s'est mobilisée. Le terrain, lui, appartient aux enfants d'un élu de la majorité. 

Mobilisation le 25 février dernier contre le projet immobilier. © Agence Photomobile
Mobilisation le 25 février dernier contre le projet immobilier. © Agence Photomobile

Le 25 février dernier, une cinquantaine d'Aheztar, membres du collectif citoyen Ahetzen* ont manifesté contre un projet immobilier prévu au centre du village. Scandant "Non à la spéculation immobilière", ils ont dénoncé "un projet privé d'envergure mené dans la plus grande opacité, sans la moindre consultation des habitants".

Après vérification au cadastre, le programme en question doit voir le jour sur un terrain constructible de plus de 3 000 m2, appartenant aux enfants d'un élu municipal, lui et son épouse en ayant fait donation en novembre dernier. Sollicité par MEDIABASK, un expert en urbanisme explique : "Un élu ou sa descendance a parfaitement le droit de vendre un terrain. Le conflit d'intérêts naît de l'ingérence de l'élu. En pareil cas, la jurisprudence lui impose de ne pas siéger dans les commissions concernant le projet."

L'élu concerné est à la fois membre des commissions "urbanisme" et "instruction des documents d'urbanisme" mais le maire Philippe Elissalde est formel, il n'a pas siégé lors des deux commissions relatives au projet. "Des commissions qui se sont tenues dans la précipitation", regrette de son côté l'élu d'opposition abertzale Santiago Capendeguy. "Aucun élément ne permet aujourd'hui d'assurer la présence de logements sociaux, la Ville et ses moins de 3 500 habitants n'étant pas soumises aux obligations de la loi SRU en la matière ", soupire ce dernier.

Doutes sur la pertinence du projet

Le terrain étant situé sur une ZAD –ou zone d'aménagement différé - la mairie aurait pu y mener un projet d'intérêt général en utilisant son droit à la préemption, estime-t-il par ailleurs. Reste que l'achat du terrain, évalué à 400 000 euros lors de la donation, aurait représenté un coût élevé pour la commune. "L'EPFL (établissement public foncier local, ndlr.) peut accompagner un tel projet, si la volonté politique est présente", rétorque-t-il.

"Des gens ont besoin de se loger mais ils ne peuvent le faire à n'importe quel prix. Au centre bourg, les commerces sont en grande difficulté et les logements vacants nombreux. Je m'interroge donc sur la pertinence d'un tel projet", appuie-t-il. Une interrogation qui restera pour l'instant lettre morte. "Le dossier étant en cours d'instruction, je ne peux m'exprimer sur le sujet", indique Philippe Elissalde. C'est à lui que reviendra in fine la signature du permis.

*Ahetzen est à la fois un collectif de citoyens d'Ahetze et le groupe d'opposition abertzale.