Ximun Larre

Sudmine s'invite à Saint-Pée-sur-Nivelle

Ce vendredi 10 juin, Sudmine entend présenter une "commission locale de concertation et de suivi" à Saint-Pée-sur-Nivelle. La société minière espère toujours obtenir un permis d'exploitation pour son projet "Kanbo : l'or du pays". L'association Stopmines EH et le Cade appellent à manifester à la même heure contre ce projet et dénoncent une "mascarade".

Le caractère officiel de la réunion organisée par Sudmine a été démenti par plusieurs élus et acteurs sociaux. © Isabelle MIQUELESTORENA
Le caractère officiel de la réunion organisée par Sudmine a été démenti par plusieurs élus et acteurs sociaux. © Isabelle MIQUELESTORENA

Sudmine qui voudrait obtenir un permis d'exploitation pour chercher de l'or dans onze communes du Labourd organise demain, vendredi 10 juin, un bien curieux rendez-vous dans un hôtel de Saint-Pée-sur-Nivelle. La société souhaite rendre public la création d'une "commission locale de concertation et de suivi" pour la mise en place de son projet intitulé "Kanbo l'or du pays". L'association Stopmine EH et le Cade appellent à un large rassemblement pour dénoncer les intentions et les méthodes de la société minière. Des élus locaux s'insurgent également tant sur le fond que sur la forme, concernant ce rendez-vous de Sudmine à Saint-Pée-sur-Nivelle.

Dans ses invitations, Sudmine parle "d'offrir un cadre officiel et formalisé (...) regroupant l'ensemble des parties prenantes". La liste des "participants invités" est plutôt impressionnante. Représentants de l’État (préfecture, sous-préfecture), parlementaires, élus, acteurs socio-économiques, défenseurs de l'environnement, responsables du patrimoine... Une signature officielle est même prévue devant la presse.

Sauf que sous ce vernis plutôt flatteur se cache une démarche n'ayant rien de très officiel. Catherine Seguin, sous-préfète de Bayonne, a fait savoir que les services de l’État ne se rendraient pas à cette invitation. Stopmines EH et le Cade rappellent eux, dans un communiqué, que "si le permis était accordé cette réunion serait organisée par la préfecture elle-même, et porterait le nom de "comité de suivi".

"Cette réunion a lieu en cachette"

Le maire de Saint-Pée-sur-Nivelle, Pierre Marie Nousbaum, n'y va par quatre chemin. "Croyez-vous que j'aurais laissé se dérouler une telle réunion avec des représentants de l’État ou autant d'élus sans les accueillir dans la salle d'honneur de la mairie ? Cette réunion a lieu en cachette au premier étage d'un hôtel, je me refuse d'y aller et aucun élu de la commune n'y sera".

Le premier magistrat de la commune, qui avoue n'avoir jamais été contacté par Sudmine pour cette réunion, parle "d'abus et de détournement de nom" concernant cette commission locale de concertation et de suivi. Le maire conclut en rappelant son opposition "et celle de tous les maires concernés" par le projet d'exploitation de Sudmine.

D'autres élus ne décolèrent pas euxnon plus, à l'image de la députée Sylviane Alaux : "Ca n'est qu'un coup de marketing et il faut s'opposer à ce projet".  EH Bai, pour qui "il ne peut y avoir de projet minier 'raisonnable'", se joint à l'appel à manifester lancé par Stopmine EH et le Cade, à 18 heures au fronton de Saint-Pée-sur-Nivelle.

Pour ces associations, cette réunion est une mascarade, une tentative de coup de pub de Sudmine qui agit comme si son permis était accordé. Une réunion publique d'information et de débat suivra la manifestation, et aura lieu à 20 heures au lycée Saint-Christophe.

Le Conseil de développement du Pays Basque réagit

Colère également du côté du Conseil de développement, dont la présidente Caroline Philips s'est déclarée surprise de découvrir qu'il figurait dans la "commission locale de concertation et de suivi", précisant n'avoir jamais été contactée auparavant, ni donné d'accord pour y figurer. Elle a ainsi demandé à ce que son nom et celui du conseil soient immédiatement retirés de cette fameuse commission dont, elle aussi, remet en cause le caractère "officiel".

Hasard du calendrier, le Conseil de développement rendait public, il y a quelques jours de cela, son "avis sur le patrimoine naturel", à Saint-Etienne-de-Baigorry. Il parait difficile d'imaginer qu'une activité d'extraction minière aille dans le sens desdites conclusions.

Afin d'en savoir plus sur le contenu de cette journée à Saint-Pée-sur-Nivelle, la rédaction de MEDIABASK a tenté, à de nombreuses reprises, d'entrer en contact avec les responsables de Sudmine. En vain.

Pour les opposants cette réunion aura au moins le mérite de rendre plus concret un projet qui était encore vague pour certains. "Il est difficile de mobiliser quand l'adversaire n'est pas visible" explique Thierry Michel, le président de Stopmines EH. "Au début les gens avaient du mal à croire à la réalité d'un tel projet, mais on sait par expérience qu'il faut réagir au plus vite et surtout ne pas laisser commencer des forages d'exploration. Après il est trop tard". L'association compte déjà une centaine d'adhérents et n'entend pas baisser la garde.

Exploitation "durable" et "raisonnée"

Tandis que la mobilisation contre le projet semble prendre de l'ampleur, la communication de Sudmine a de quoi faire tourner la tête. Avec un usage de termes comme "durable" ou "raisonné", on peut se demande s'il s'agit toujours d'un projet d'exploitation minière.