Bénédicte Saint-André

LRA : désaccord entre direction et salariés

Politiques et administratifs à la tête du Département revendiquent la suppression des Lieux de Rencontre et d'Accompagnement (LRA) et maintiennent qu'à terme la qualité d'accueil sera assurée. Les travailleurs sociaux estiment qu'une telle vision est en contradiction avec la réalité de terrain. Ainsi, l'affaire met en lumière un désaccord latent entre décideurs et acteurs sociaux œuvrant à la solidarité. La situation au 1er janvier s'annonce floue pour les parties en présence.

"Nous fabriquons de la solution" argue Jean-Jacques Lasserre. © Isabelle Miquelestorena
"Nous fabriquons de la solution" argue Jean-Jacques Lasserre. © Isabelle Miquelestorena

Les missions des LRA seront assurées par l'existant, se défend la direction du Département. Impossible, selon les travailleurs sociaux, au vu de la baisse des effectifs et de la singularité de ces lieux d'accueil. Un désaccord de fond scelle dès lors la décision unilatérale de fermerture et laisse entrevoir un début d'année difficile pour les acteurs de la solidarité départementale.

"Je me sens autant de générosité que le plus généreux des socialistes", déclare Jean-Jacques Lasserre sur France Bleu Pays Basque, suite à la décision de fermeture des LRA au 1er janvier 2016. Une remarque qui laisse pantois les 14 salariés dont les emplois sont directement menacés par leur disparition, les représentants de leurs structures ayant refusé de politiser cette décision.

Selon le directeur de cabinet de Jean-Jacques Lasserre, Pierre Lahore, cette remarque s'adresse à l'opposistion socialiste qui "instrumentalise la fermeture de ces lieux". Sur le fond, il s'en remet à Eric Moratille, directeur général des services de la collectivité départementale.

"A terme, les missions des LRA seront assurées par les Maisons départementales de la solidarité côté accueil, et par les missions locales côté réinsertion professionnelle", assure le directeur général. "La vocation des LRA était justement de compléter le suivi lambda de ces structures", souligne pourtant Yann Frémeaux, directeur de la MVC (Maison de la Vie Citoyenne) Polo Beyris. "Ce sont elles-mêmes qui orientaient les bénéficiaires vers nous, quand une prise en charge collective et approfondie était nécessaire".

Bénéficiaires en colère

Dans le même sens, l'équipe de la MSD (Maison de la Solidarité Départementale) de Bayonne a adressé un courrier à l'exécutif des Pyrénées-Atlantiques, pointant que les LRA étaient "des partenaires nécessaires". Elle estime par ailleurs que la baisse de ses propres effectifs vacataires ainsi que le non remplacement des titulaires affectent considérablement ses missions au quotidien. Les bénéficiaires sont en colère, mais les travailleurs sociaux de la MSD n'ont pour l'heure pas de réponse à leur donner. Après avoir alerté plusieurs fois leur direction, ils concluent leur courrier en prévenant que "ces choix auront des incidences sur la population et la paix sociale".

Eric Moratille estime, quant à lui, que "les bénéficiaires doivent s'adapter à une prise de rendez-vous ponctuelle et à un temps de prise en charge plus court". "Un cadre doit être posé permettant de répondre à leurs droits mais également à leurs devoirs", ajoute-t-il. Il prévoit également la mobilisation de bénévoles, notamment chez les seniors, pour pallier le manque d'effectifs professionnels. Le recours à des contractuels supplémentaires pourrait également être étudié "dans le respect des contraintes budgétaires émanant de l'Etat".

Absence de transition

Sur la méthode maintenant, le directeur général assène que l'"on peut toujours s'améliorer" mais que dès janvier, les bénéficiaires seront prévenus par courrier des dispositifs qui pourront leur être proposés en attendant une réorganisation interne. Pour l'heure, ces démarches n'ont pas encore été amorcées.

Les structures abritant les LRA dénoncent ici une "absence totale de transition". Elles rappellent que depuis le 15 septembre, date à laquelle elles ont rédigé des propositions concrètes fruits de leurs ateliers de travail, et le 14 décembre, date à laquelle elles ont reçu par courrier la notification d'arrêt des financements, aucun représentant du Département ne s'est présenté en conseil d'administration . Seuls les échanges techniques perduraient avec les agents pour procéder au bilan habituel du dispositif.

"[Les structures] n'avaient qu'à se renseigner", rétorque Eric Moratille. "Nous l'avons fait à plusieurs reprises, précise Yann Frémeaux. Nous savons que la décision a été prise de manière formelle le 26 novembre mais sans courrier officiel à notre endroit, nous ne pouvions agir".