Kattin Chilibolost

Pour la survie des écoles de village, l'Aderp se mobilise

L'Association de défense des écoles rurales publiques regroupant des petites école du Pays Basque et du Béarn s'est créée pour défendre l'enseignement en classe unique devant la Justice.

Dans l'école d'Hélette, sept niveaux d'enseignements sont réunis dans une classe de 28 élèves.
Dans l'école d'Hélette, sept niveaux d'enseignements sont réunis dans une classe de 28 élèves.

Les 24 écoles constituant le Collectif de Classes Uniques du Pays Basque et du Béarn s'organisent. Elles se sont réunies pour la première fois sous la forme d'une association ayant une exigence légale, l'Association de défense des écoles rurales publiques (Aderp) (1). Elle permettra à ses adhérents d'engager des procédures légales "plus poussées" pour la préservation des écoles dans les petites communes.

Douze écoles du Pays Basque et douze autres du Béarn ont reçu une motion du Directeur académique stipulant le refus des dérogations pour l'inscription d'enfants de moins de 5 ans en classe unique. Les maires en auraient été prévenus auparavant de façon orale, par téléphone. Des documents écrits, reçus il y a quinze jours, ont pu le confirmer.

L'Aderp souhaite engager "bientôt" une procédure judiciaire à l'encontre de la Dasen (Direction académique des services de l'enseignement national). Elle souhaite regrouper toutes les réponses négatives aux dérogations pour que le Tribunal ait à statuer sur l'ensemble des dossiers dénonçant les atteintes contre la scolarité en milieu rural.

Pour l'Aderp, le refus de scolariser les jeunes enfants représente "à moyen terme l’extinction des écoles de village". Le risque serait que des enfants soient déscolarisés de l'établissement de leur village, entraînant une baisse des effectifs dans les écoles. Bernard Géraud, président de l'association alerte du fait que "dans des conditions pareilles, l'école n'est pas égalitaire (…)". Et de dénoncer une politique qui "fait des économies sur le dos des enfants".

Des actions en cours

La dynamique a lancé une pétition pour la sauvegarde des classes uniques dans le département des Pyrénées-Atlantiques qui a réuni à ce jour 1 891 signatures. Des écoles procèdent, par ailleurs, à la vente de leur matériel sur Le Bon Coin, en donnant le numéro de téléphone du Directeur académique.

Ce dernier exige la création de Regroupements pédagogiques intercommunautaires (RPI) aux classes uniques, sous "menace de suppression de poste". Cependant, cette décision nécessite l'autorisation préalable des communes concernées. Lorsque ces derniers refusent la création du RPI, la Direction académique supprime le poste d'enseignant.

Par ailleurs, en plus de "s'opposer à la volonté des familles", la création de pôles d'enseignement ne serait pas toujours recevable en terme légal. Le projet de regroupement des écoles de Banca et d'Urepel avec celle des Aldudes, par exemple, serait "totalement illégal", selon le président de l'Aderp, puisque cette dernière est privée.

Le cas n'est pas isolé

La tendance à la suppression de moyens pour l'enseignement public en milieu rural serait général. Le Pays Basque et le Béarn seraient cependant les territoires enregistrant le plus de refus de dérogation au niveau régional. B. Géraud craint qu'ils soient utilisés comme test. "Comme un bouchon, s'il n'éclate pas", le phénomène s'étendrait à plus large amplitude, explique-t-il.

Les écoles réunies dans l'Aderp ne seraient pas des cas isolés et son combat s'appuierait sur une expérience déjà vécue. En 2008, les communes de Moriez et Montfuron (Alpes-de-Haute-Provence), représentées par l’association "École et Territoire", avaient déposé une plainte auprès du Tribunal administratif de Marseille contre l’Inspecteur d’Académie du département pour avoir refusé de scolariser trois enfants âgés de moins de 5 ans dans leur école élémentaire. Sept ans plus tard, le Conseil d’Etat a condamné le ministère de l’Éducation Nationale.

(1) Les écoles de Ainharp, Hélette, Ayherre, Montory, Saint-Engrace, Juxue, Lantabat, Arnegui, Larrau, Urepel et Banca font partie, aux côtés de douze autres écoles du Béarn, de l'Aderp.